06 octobre 2011

L'UMP grand spécialiste de la démocratie par ... asphyxie financière ?

Selon Borloo, son refus de se présenter à la présidentielle serait du au manque de cohésion de l’Alliance républicaine, écologiste et sociale. Ne serais ce pas plutôt le résultat de la fermeture du robinet financier opérée par l'UMP qui vient justement ... de le rouvrir ?

Sur le site du Parti Radical, on peut lire le texte dans lequel Jean-Louis Borloo explique pourquoi il renonce à être candidat à la présidentielle de 2012, on peut lire, l'extrait suivant : « (...) À aucun moment, je ne me suis inscrit dans les schémas traditionnels des petites phrases, des négociations secrètes et des rapports de force. Quelle est la situation aujourd’hui ? Quelle est mon analyse ? Tout d’abord, force est de constater que la dynamique des centres ne s’est pas créée : ni sur le projet, ni sur les hommes. Les raisons en sont multiples : manque de temps, malentendus, incompréhensions (...) » Et peut être un peu à cause du manque d'argent, ce nerf de la guerre électorale ?

Tous les partis politiques vous le diront : Une campagne présidentielle coûte cher. Ainsi pour la campagne de 2007, le coût de la campagne des principaux candidats s'élevait selon les chiffres publiés par le Sénat à :

Nicolas Sarkozy : 21 175 141 €
Ségolène Royal : 20 815 003 €
François Bayrou : 9 745 197 €
Jean-Marie Le Pen : 9 360 632 €

Or, comme nous l'écrivions le 30 mars 2011 dans : « Candidatures centristes en 2012 : Question de convictions ou ...de trésorerie ? », le parti de Jean-Louis Borloo, compte tenu de son faible nombre d'élus et d'adhérents, ne dispose d'aucune indépendance financière. A cette époque, nous donnions les chiffres publiés par la Commission de Contrôle des Comptes de Campagne et des financements publics, concernant le Parti Radical

Page 45 : Parti Radical

Cotisations des adhérents : 149 130
Contributions des élus : 11 521
Contributions reçues d’autres formations politiques : 1 000 000

L'autre « formation politique » étant l'UMP qui le reconnaissait sans problème puisque un de ses responsables déclarait à l'époque au Canard Enchaîné : « (...) Copé pense tenir Borloo avec le million d'euros que donne l'UMP aux radicaux (...) » Or, outre que cet argent est vital pour le fonctionnement du Parti Radical, il participe au financement des campagnes électorales des candidats aux diverses élections. Et donc, pouvait servir pour celle de Borloo à la présidentielle de 2012.

Mais le 21 juillet 2011, le trésorier de l'UMP, Dominique Dord, afin de montrer son agacement, indiquait qu'il : « (...) pourrait refuser de verser au Parti radical de Jean-Louis Borloo la dotation annuelle d'un million d'euro (...) Nous considérons que le départ du Parti radical de l'UMP équivaut à une rupture unilatérale du contrat (...) »

Et même si au Parti Radical on brandissait la menace d'un recours en justice : « (...) S'il faut, nous irons jusqu'au bout (...) Mais, au-delà des polémiques, il y a la loi (...) On ne peut assumer une compétition électorale si on ne respecte pas les règles républicaines (...) » L'UMP savait parfaitement que l'asphyxie financière paniquerait les parlementaires du Parti Radical, qui pourraient se retrouver sans soutien financier, pour les prochaines législatives.

Alors, quid de : « la dynamique des centres ne s’est pas créée : ni sur le projet, ni sur les hommes » ?

Elle est résumée par un article du Monde du 5 octobre 2011 : « (...) L'UMP vient de verser 500 000 euros au Parti radical valoisien (PRV), soit le prorata – jusqu'en mai, moment du départ du parti de Jean-Louis Borloo de l'UMP – de la dotation annuelle de 1,2 million due par le parti présidentiel aux radicaux, a fait savoir, mercredi 5 octobre, l'UMP (...) » Permettant aux députés du Parti Radical d'éviter de galérer pour trouver les fonds nécessaires à leur prochaine campagne et surtout de ne pas avoir à affronter un candidat ... investi par L'UMP !

Qu'en sera t-il d'Hervé Morin qui compte bien être le candidat de l’Alliance républicaine, écologiste et sociale pour 2012 ?

Si nous reprenons les données la Commission de Contrôle des Comptes de Campagne et des financements publics, on constate que le Nouveau Centre, parti créé avec l'aide de l'UMP pour contrer le Modem de François Bayrou, même s'il possède un peu plus d'élus, est également très dépendant des : Contributions reçues d’autres formations politiques

Page 88 : Nouveau Centre

Cotisations des adhérents : 164 985
Contributions des élus : 68 047
Contributions reçues d’autres formations politiques : 1 379 553

La leçon administrée par l'UMP au Parti radical aura t-elle valeur d'exemple ?

On peut le penser puisque : « (...) Trois jours après le renoncement de Jean-Louis Borloo, le bureau politique du Nouveau centre a approuvé le principe d'une candidat centriste à la présidentielle tout en renvoyant le soutien du parti à une éventuelle candidature d'Hervé Morin à un vote du congrès fin décembre (...) » nous dit l'AFP qui ajoute : « (...) Mais le principe de cette candidature est encore loin de faire l'unanimité au sein de son parti et de l'Alliance (ARES), confédération regroupant des partis de centre-droit : Parti radical, Nouveau centre, Gauche Moderne et Convention démocrate (...) »

Courageux mais pas téméraires !

Jusque là, les dirigeants du Parti radical, du Nouveau centre, de la Gauche Moderne et et de la Convention démocrate, auront eu le temps de négocier quelques beaux portefeuilles ministériels (comme celui de premier ministre ? ), et autres hochets de prestige, en cas de victoire du candidat Sarkozy. Et oui, mesdames et messieurs les électeurs, si « la démocratie à un prix », les convictions centristes ont le leur !

C'est probablement à ça qu'on reconnaît une « démocratie exemplaire » !


Crédit et copyright photo
France Télévision

1 commentaire:

cpolitic a dit…

Etrangement les médias classiques se taisent sur ce profil très financier de Borloo.