02 février 2024

Emploi des seniors : entre l'enclume patronale et le marteau gouvernemental

Les négociations entre partenaires sociaux sous le contrôle du gouvernement concernant l'emploi des seniors se précisent. Pris entre un patronat réticent et peu motivé et un gouvernement adepte des sanctions les salariés seniors ont de quoi s'inquiéter.

Elle semble bien lointaine et pourtant si proche, l'époque où gouvernement et organisations patronales juraient la main sur le cœur vouloir sauver le système de retraite en reportant l'âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Les organisations d'employeurs, en parfaites hypocrites, expliquaient, après en avoir abusé, que les licenciements ou ruptures conventionnelles à quelques encablures de la retraite n'avaient plus lieu d'être. Du côté du gouvernement, Bruno Le Maire, déclarait qu'il était scandaleux de se priver de l'expérience des salariés âgés. En résumé, on allait voir ce qu'on allait voir !


 Où en est-on ?

Plusieurs médias, dont Le Figaro, nous expliquent que les négociations rentrent dans le dur. Or, ces négociations intégreront, notamment, la question de l'indemnisation des seniors au chômage, laissée en suspens par les partenaires sociaux dans leur accord sur l'assurance chômage. Et c'est sur ce point que le gouvernement envisage de frapper les seniors.

Capital rappelle la position de Bruno Le Maire soutenue par le gouvernement et les élus Renaissance. «  … Le Locataire de Bercy vise notamment un «avantage» accordé aux seniors en matière de chômage : les plus de 55 ans bénéficient d’une durée maximale d’indemnisation plus longue (27 mois, soit 822 jours calendaires) que les autres demandeurs d’emploi (18 mois, soit 548 jours calendaires pour les moins de 53 ans, ou 22,5 mois, soit 685 jours calendaires, pour les allocataires âgés de 53 à 54 ans). L’idée du ministre serait de réduire cette durée à 18 mois pour tous les demandeurs d’emploi, quel que soit leur âge ... »

Massacre en vue, car cette mesure ne serait assortie d'aucune contrainte ou sanction pour les entreprises ne jouant pas le jeu alors que celles-ci, continuent à discriminer les salariés âgés. Il suffit de lire le site Décideur Magazine pour s'en rendre compte

« Actuellement, de nombreux obstacles demeurent pour réintégrer les seniors sur le marché de l’emploi … une étude OpinionWay pour le cabinet Grant Alexander du 12 octobre 2023 met en avant le fait que deux DRH sur trois reconnaissent avoir déjà écarté d’emblée des candidats seniors et deux managers sur trois disent avoir reçu de leur direction des consignes leur recommandant de privilégier des candidats jeunes … 69% des répondants à l’enquête disent redouter que les seniors comprennent mal les attentes des jeunes recrues, 65% craignent qu’ils ne s’adaptent pas bien à leurs processus de travail et 63% appréhendent qu’ils soient rétifs aux nouvelles technologies ... » Ce constat est d'autant plus grave que le terme seniors commence à être utilisé dans certaines entreprises à partir de 45 ans.

Que proposent les organisations patronales ?

Si à la CPME on espère obtenir un effet d'aubaine au travers d'un CDI seniors qui serait assorti d'une baisse des cotisations sociales, le MEDEF lui, se fait plus discret nous dit Capital. Proposant un entretien obligatoire de mi-carrière (après 45 ans). En ce qui concerne l'index senior qui n'était assorti d'aucune contrainte pour les employeurs, les organisations patronales continuent de s'y opposer.

Si les syndicats de salariés émettent plusieurs idées comme la formation, des bilans de compétence ou l'aménagement des fins de carrière, on sent l'imminence de la catastrophe. Car, le gouvernement cherche avant tout à faire des économies. De leur côté les organisations patronales qui sont comme chez eux à l’Élysée, à Matignon et à Bercy peuvent dormir tranquille.

Quant aux seniors, le calvaire pourrait très vite commencer notamment si la durée d'indemnisation du chômage était réduite comme le souhaite Bruno Le Maire.

Que deviendront ceux qui vont perdre ou ont déjà perdu leur emploi ?

Une première réponse a été apportée par le Premier Ministre au travers de la suppression de l'ASS qui va mener 300 000 personnes en fin de droits directement au RSA leur supprimant au passage leurs droits à acquérir des trimestres pour le calcul de leur retraite.

Pitoyable direz vous et c'est le cas. Mais depuis 2017, le discours du Président de la République et de ses gouvernements reste le même : malheur à ceux qui ne sont pas des « premiers de cordée » ...

 

16 janvier 2024

CPME et dialogue social : le retour du patronat d'un autre siècle

La nomination du nouveau Premier Ministre, a stimulé la CPME qui vient de publier un document de 80 propositions dont certaines remettraient gravement en cause le dialogue social dans les PME.

« Les ordonnances dites « Macron » de 2017 ont permis un dialogue social et une application du droit du travail au plus près des problématiques et enjeux des chefs d’entreprise. Dans la continuité la CPME entend proposer des mesures sociales de simplification permettant de favoriser le développement économique des TPE/PME. » écrit la CPME dans son document intitulé : « La CPME propose 80 mesures pour mettre fin à la complexité administrative » et publiées sur son site.


 Nous nous sommes plus particulièrement intéressé au chapitre : « POURSUIVRE LA SIMPLIFICATION ADMINISTRATIVE EN MATIERE SOCIALE » Page 27 à 29

Que propose la CPME ?

C'est le site de l'AEF qui résume mieux ce chapitre : « Supprimer le monopole syndical dans les entreprises de moins de 300 salariés, simplification des règles de fonctionnement du CSE, réduction des moyens accordés aux représentants du personnel ou encore élargissement des possibilités de validation d’un accord par référendum ... »

Beaucoup d'entre vous dirons : « mais, c'est quoi le CSE » cible de la CPME ?

La définition du site Service Public est la suivante : « Le comité social et économique (CSE) est l'instance de représentation du personnel dans l'entreprise. Il doit être mis en place dans les entreprises de plus de 11 salariés. Les membres du CSE sont élus par les salariés de l'entreprise pour une durée maximale de 4 ans. Les compétences, la composition et le fonctionnement du CSE varient selon la taille de l'entreprise. »

Il a succédé, nous rappelle WIKIPEDIA aux anciennes instances représentatives suivantes : délégués du personnel, comité hygiène sécurité et conditions de travail (CHSCT) et comité d’entreprise, progressivement à compter du 1er janvier 2018. Cette instance a été créée par l'ordonnance n° 2017-1386 du 22 septembre 2017 (dite "ordonnance Macron").

Que propose la CPME sur ce sujet ?

« Les chefs d'entreprise peuvent être découragés par la complexité des règles de consultation du CSE, qui peuvent rendre les processus de consultation longs et coûteux. La simplification des règles de consultation et des expertises pourrait faciliter la participation des chefs d'entreprise et encourager un dialogue social plus efficace. »

Mais encore ?

  • Simplifier les règles pour les PME en réduisant le nombre de membres du CSE

  • Diminuer le nombre d’heures de délégation sauf dans les entreprises dans lesquelles l’actualité sociale le justifie

  • Passer à 100 salariés, le seuil actuel de 50 salariés à partir duquel un renforcement massif des obligations s’impose à l’entreprise

et le plus beau à notre sens

  • Introduire la possibilité de recourir à la visioconférence pour les réunions du CSE

 Pour mémoire, la CPME ne cesse de vanter les TPE/PME dans lesquelles la proximité des salariés avec leur employeur est un atout pour le dialogue social. On peut, à la lecture de ses propositions en douter de plus en plus. Car la réponse est : pas de temps à perdre avec les représentants des salariés. Doit-on s'étonner après de telles propositions à caractère réactionnaire que la CPME pleure sur la pénurie de candidatures dans les mêmes TPE/PME ?

Il est clair que le Premier Ministre ne donnera pas suite à la grande majorité des mesures réclamées par la CPME. Par contre, il pourrait bien prêter une oreille attentive aux positions de Bruno Le Maire, lui même particulièrement attentif aux demandes du patronat. Voir sa proposition de réduction du délai pour déposer un recours contre une entreprise en cas de licenciement.

L'optimisation du fonctionnement d'une TPE/PME passe par un dialogue social permanent permettant aux salariés comme au chef d'entreprise de confronter leurs points de vue sur la vie de leur entreprise. Quelques entreprises l'ont compris et développent de dialogue social avec leurs salariés tout en étant plus performantes. Visiblement, à la CPME on ne l'a pas compris et on continue de croire qu'une réduction des droits sociaux des salariés ne peut qu'améliorer le fonctionnement des PME. Une erreur profonde et surtout, un combat d'un autre siècle ...

Téléchargement des 80 propositions

 

Crédit et copyright image

Antoine Chereau

08 janvier 2024

Le « plein emploi » façon Macron  : la contrainte pour seule logique !

Les sanctions à l'égard des chômeurs indemnisés continuent de pleuvoir au nom du « plein emploi » espéré par le Président et son ministre du travail. Dernière mesure : la privation des indemnités chômage pour tout salarié en CDD refusant deux CDI. 

Invité par BFM, Olivier Dussopt, avec sa délicatesse habituelle a essayé de justifier la nouvelle sanction. En résumé : les entreprises pourront dénoncer à France Travail tout refus par un salarié en CDD d'une proposition de CDI aux mêmes conditions de travail. Un deuxième refus en moins de douze mois priverait le salarié de l'indemnisation chômage.

Extrait de l'interview

« Si vous êtes employeur et que vous avez un employé en CDD et que cet employé vous démontre de manière assez caractérisée qu'il n'a pas envie de travailler avec vous, vous n'allez pas forcément lui proposer de continuer »

Jusque là, rien à redire. C'est très souvent pendant un CDD ou en période d'essai que salarié et l'employeur découvrent s'ils ont envie de continuer l'aventure.

Et le ministre de citer un autre exemple : « Par contre si vous galérez à recruter depuis des années et que vous proposez des conditions de rémunération et de travail correctes et que vous vous heurtez en permanence à des refus de CDI, il est normal qu'on ait des règles plus incitatives »

Honnêtement, une entreprise dans laquelle les conditions de rémunération et de travail seraient « correctes » et qui « essuierait en permanence des refus de CDI» ça n'existe pas. Si le cas existe, les dirigeants de l'entreprise doivent rapidement se poser des questions sur leur management ou l'intérêt de leur production. Ajoutons que la notion de « correcte » définie par le ministre est parfaitement subjective voir malhonnête. Mais pour l'avoir vu à l’œuvre sur la « réforme » des retraites, nul ne sera surpris.


 Il est d'ailleurs intéressant de noter le peu d'enthousiasme des organisations patronales sur le sujet. C'est Benoît Serre, vice-président de l’Association nationale des DRH (Andrh) qui résume le mieux le manque d'intérêt pour cette mesure : « Cette mesure a l’air assez anecdotiqueElle cumule tellement de critères que je ne suis pas certain que ça change radicalement la donne. »

Mais peu importe puisque cette mesure comme les autres n'ont qu'un but : donner des gages aux agences de notation et à la droite parlementaire qui a toujours trouvé que les chômeurs ne faisaient guère d'efforts pour retrouver le chemin de l'emploi.

L'objectif est clair : afficher en 2027 un taux de chômage inférieur à 6% pour préparer la campagne du candidat qui sera présenté comme l'héritier d'Emmanuel Macron. Et pour ce faire, toutes les sanctions et bidouillages de chiffres à la disposition du Président et du gouvernement seront utilisées ...

 

 

30 décembre 2023

Je refuse que mon Livret A finance les industries de l'armement !

Le Conseil Constitutionnel vient de retoquer l'affectation de l'épargne réglementée (Livret A, LDDS...) au financement de l'industrie de défense sans toutefois exclure que cette mesure puisse revenir sous une autre forme.

Comme beaucoup de français qui en ont la possibilité, je dispose d'un Livret A et un LDDS (livret de développement durable et solidaire). En ce qui concerne le Livret A, on m'a toujours expliqué qu'il était la principale source de financement du logement social. Ce qui n'est pas exact explique le site MoneyVox : « sur 100 euros placés, seuls 31 euros (31,25% précisément) sont prêtés aux bailleurs sociaux. Soit 174,3 milliards d'euros, sur les près de 558 milliards déposés, fin 2022 »

Pour le LDDS c'est encore un peu plus flou puisque comme l'indiquait Libération  : « 80% des fonds doivent aller à des prêts pour les PME, et 10% à des travaux d'économies d'énergie dans les bâtiments anciens» précisant que : « rien ne garantit que ces PME œuvrent pour l'environnement »

Le graphique ci-dessous devraient vous faire mieux comprendre la répartition de cette épargne

 Nos dirigeants fustigent régulièrement le manque de prise de risque financier des placements des français et souhaiteraient réorienter ou puiser dans cette épargne pour financer des projets n'ayant aucun rapport avec la destination première de l'épargne réglementée (Livret A, LDDS ou du Livret d'épargne Populaire).

Quelques députés proches de la majorité présidentielle ont bien essayé de le faire, il y a peu. En effet, un discret amendement à la loi de finance 2024 (adoptée par article 49.3) consistait à : « autoriser un fléchage d'une partie de l'épargne réglementée vers l'industrie de la défense »

Cette « astuce » a toutefois été rejetée par le Conseil Constitutionnel. Que pensent les français de l'idée de voir leur Livret A financer les industries de l'armement ?

Dans une étude Yougov pour MoneyVox on apprend que  : « ... 54% des Français ne sont pas favorables à cette mesure. Un pourcentage qui grimpe à 58% chez les femmes, contre 49% pour les hommes. Au final, à peine un tiers des personnes interrogées (29%) sont pour l'utilisation d'une partie de l'épargne réglementée pour soutenir la défense »

Après tout, direz-vous, c'est le boulot des banques de financer l'industrie de l'armement.

Hé bien, de moins en moins, nous explique La Tribune. Elles : « … ne montrent pas un enthousiasme débordant pour financer les PME et les startups de l'industrie de défense … Les banques et les établissements financiers sont de plus en plus réticents à financer la BITD (1) (base industrielle et technologique de défense) par peur des sanctions extraterritoriales américaines et par peur des ONG et de voir leur réputation entachée »

En gros, sur le sujet, les banques se convertissent à l'investissement socialement responsable (ISR) contraintes et forcées.Donc, si les banques ont des pudeurs sur le sujet, pourquoi ne pas les remplacer le plus discrètement possible par l'épargne réglementée des français ?

Cette tentative de détournement de l'épargne des français au profit de l'industrie de l'armement est un pur scandale. Parce que si les banques pourraient continuer à choisir de financer ou non cette industrie, cela deviendrait une obligation pour les épargnants français détenteurs de Livret A.

Les épargnants doivent avoir leur mot à dire et pouvoir refuser que leur argent finance des entreprises qui produisent, entre autres, des systèmes d'armes et équipements létaux. Si les députés porteurs de cet amendement persistent, il faudrait en ce cas permettre aux titulaires de l'épargne réglementée d'activer une clause d'exclusion sectorielle comme le pratiquent certains fonds ISR.

Mais plus vraisemblablement, on s'achemine vers une toute autre solution puisque Bruno Le Maire serait plutôt partant pour un « produit d'épargne dédié à la défense nationale ». 

Ceci dit, lorsqu'on connaît le faible engouement des français pour le financement de la défense nationale, rien ne dit que l'idée originelle des députés porteurs de l'amendement à la loi de finance ne revienne sur devant de la scène plus ou moins discrètement. Car si le Conseil Constitutionnel a retoqué la manière, il ne rejette pas le principe sur le fond ...

 

(1) Base industrielle et technologique de défense

 Autres sources : Capital - La Tribune

24 décembre 2023

Les 10 français les plus riches se souhaitent de bonnes fêtes

 Comme tous les ans, le magazine Capital publie son top 10 des français les plus riches. Bonne nouvelle pour eux : leur fortune a augmenté en moyenne de 20% par rapport à l'année dernière.

Inflation, pouvoir d'achat, difficultés à boucler les fins de mois ou à se loger, c'est le quotidien de la majorité des français. Sans tomber dans la démagogie, on peut toutefois se pencher sur le sort des plus riches d'entre nous.

Pour ce faire, il suffit de lire le classement annuel publié par le magazine Capital. Au moment où les élus de la nation débattent sur la durée d'indemnisation des chômeurs seniors ou du montant de l'AME, il est toujours intéressant de lire le montant des fortunes patrimoniales des individus ou familles les plus riches de notre beau pays.

Pour mémoire, les salaires moyens en France sont de 4 330 euros nets mensuels pour les cadres, contre 1 800 euros pour les employés et 1 860 euros pour les ouvriers. Dans le même temps, n'oublions pas que le montant des aides aux entreprises représente environ 160 milliards d'euros. Aides qui peuvent concerner des entreprises dont les fondateurs ou créateurs appartiennent au Top 10 des plus riches français.


 Mais, place au classement 2023

10eme : Pierre Castel : 12,06 milliards d'euros. Président-fondateur de la société de boissons Castel depuis 1949, l'homme de 97 ans a vu son patrimoine croître de 26% en 2023.

9 eme : Emmanuel Besnier : 15,60 milliards d'euros. Cet héritier du géant laitier Lactalis conteste ce chiffre, selon Capital.

8eme François Pinault : 27,82 milliards d'euros. Le président du Stade rennais, à la tête du groupe de luxe Kering (Balenciaga, Gucci, Yves Saint Laurent), a connu une augmentation de 3,6% de son patrimoine cette année.

7 eme Laurent, Thierry et Marie-Hélène Dassault : 31,98 milliards d'euros. L'action du constructeur aéronautique français a connu une belle embellie en bourse avec la remontée des tensions internationales.

6eme Rodolphe Saadé : 44,01 milliards d'euros. À la tête de la CMA CGM, cet armateur de porte-conteneurs français estime l'évaluation de Capital «trop élevée au regard de son activité, en net recul ces derniers mois», malgré des bons résultats en 2022.

5eme Gérard Mulliez : 51,76 milliards d'euros. «Ce montant est celui du patrimoine de l'ensemble de la vaste famille Mulliez dont les participations (...) ne se limitent pas au secteur de la distribution (Auchan, Leroy Merlin...)», note Capital.

4eme Françoise Bettencourt Meyers : 80,89 milliards d'euros. Héritière de Liliane Bettencourt à la tête du groupe industriel de produits cosmétiques L'Oréal, Françoise Bettencourt Meyers est la femme la plus riche du monde.

3eme Alain et Gérard Wertheimer : 89,46 milliards d'euros. Les deux petits-enfants de l'associé historique de Coco Chanel, Pierre Wertheimer, voient le fleuron de la haute couture française dépasser ses performances d'avant pandémie.

2eme Axel Dumas (HERMES) : 133,62 milliards d'euros. Gérant du groupe de luxe originellement spécialisé dans les harnais et les selles à cheval, Axel Dumas partage ce patrimoine avec sa grande famille. La direction jugerait toutefois le calcul de Capital et sa croissance de 55,3% «trop optimiste».

1er Bernard Arnault : 174,53 milliards d'euros. Bernard Arnault reste de loin le Français le plus riche. Selon Forbes, c'est même la deuxième fortune du monde derrière les 237,7 milliards d'euros de l'Américain Elon Musk et devant Jeff Bezos.

Colossal non ? A tel point qu'il est intéressant de comparer ces montants aux dépenses par ministère du budget de l'Etat en 2023.

Quelques exemples?

Budget Éducation nationale et jeunesse  : 82 milliards d’euros

Budget du ministère Travail, plein emploi et insertion : 20 milliards d'euros

Budget du ministère de la culture : 4 milliards d'euros

Certains mauvais esprits dont l'auteur de ces lignes feront remarquer que la réussite des « premiers de cordée » peine encore un peu à toucher le plus grand nombre.

Qui se rappelle que notre Président de la République déclarait en2017 : « Pour que notre société aille mieux, il faut des gens qui réussissent. Et il ne faut pas être jaloux d’eux (…) Si on commence à jeter des cailloux sur les premiers de cordée, c’est toute la cordée qui dégringole (..) Je veux qu’il y ait des hommes et des femmes qui réussissent pour tirer les autres (…) »

7 ans plus tard, on se dit que ces «premiers de cordée » ont peut être mal compris le message présidentiel ...


15 décembre 2023

France Travail : un nouveau logo et de futures nouvelles sanctions pour les chômeurs 

 France Travail qui succède à Pôle Emploi vient de révéler son logo. S'il s'en réjouit, Olivier Dussopt, le ministre du travail va également innover avec un peu plus de sanctions pour les chômeurs.

France Travail succède à Pôle Emploi. Il lui manquait un logo qui a été révélé par le ministre sur le réseau social X. Même s'il insiste sur le fait que ce logo a été réalisé en interne, il n'en reste pas moins que le changement de signalétique et la refonte de l'ensemble des documents va encore coûter un bras à la nouvelle agence. 

Dans un communiqué, le ministre se flatte de la nouvelle identité visuelle et indique

« Ce changement de nom traduit une évolution majeure de l’opérateur principal du service public de l’emploi … La loi prévoit en effet de doter le nouvel opérateur France Travail de missions élargies devant permettre de mieux accompagner toutes les personnes en recherche d’emploi et toutes les entreprises grâce à une coopération renforcée et inédite entre tous les acteurs de l’emploi, de l’insertion et de la formation ...»

« mieux accompagner toutes les personnes en recherche d’emploi » ?

En la matière, cet accompagnement ressemble, dans un premier temps, beaucoup plus à un panier de sanctions. En effet, Olivier Dussopt a donné quelques unes de ses pistes pour un meilleur « accompagnement » On peut en prendre connaissance sur le site du journal Sud-Ouest

Pour éviter une remontée du chômage, Olivier Dussopt juge nécessaire d'« accélérer la mise en œuvre des réformes engagées », y compris par des contrôles accrus de certains chômeurs ...Il « souhaite aussi qu’on double au moins le nombre de contrôles de recherche d’emploi ». « Il y en a 500 000 aujourd’hui par an. On peut les concentrer et les renforcer sur les demandeurs d’emploi qui sortent d’une formation qualifiante et n’auraient pas accepté d’emploi correspondant à l’issue », précise le ministre.

Ces propos cachent en fait une réalité : « Au troisième trimestre 2023, le nombre de chômeurs au sens du Bureau international du travail (BIT) augmente de 64 000 par rapport au trimestre précédent, à 2,3 millions de personnes. Le taux de chômage augmente ainsi de 0,2 point, à 7,4 % de la population active en France (hors Mayotte) ... » nous dit l'INSEE.

Alors, pour continuer à nous brandir l'étendard du «plein  emploi» il va falloir sérieusement serrer la vis au chômeurs. De quelle façon ?

« À plus long terme, au-delà de la transposition d’un éventuel accord des syndicats et du patronat sur l’emploi des seniors, le ministre du Travail considère qu’il faudra « lancer (un) acte 2 qui associera plus de formation, plus de flexibilité, plus de mobilité, plus d’anticipation et quand on peut simplifier c’est mieux ».

«  plus de flexibilité, plus de mobilité » des propos qui indiquent clairement la marche forcée qui va être imposée aux chômeurs avec son cortège de suspensions provisoires d'indemnités et, bien entendu de radiations.

Et la simplification, me direz-vous ?

La proposition d'Olivier Dussopt est la suivante : « le ministre considère qu'il y a «un sujet simplification, avec notamment la question du délai de contestation en justice en cas de licenciement». Arguant que la France a «l'un des délais les plus longs d'Europe» et que «cela peut freiner les embauches», il «souhaite un délai suffisant, mais 12 mois c'est trop long». Reprenant ainsi la litanie patronale des "obstacles" à l'embauche ...

Mais que ne ferait ce gouvernement pour afficher des chiffres positifs sur le chômage quels qu'en soient les moyens. Ceci ayant en grande partie pour but de montrer aux agences de notation que la France sait faire des économies.

Car, ne l'oublions pas, si Elisabeth Borne à supprimé temporairement : « la baisse de la durée d'indemnisation de 40% en cas de « plein-emploi » celle-ci pourrait revenir au grand galop au cas où les mesures de rétorsions à l'encontre des chômeurs permettaient de passer sous les 6% ...

France Travail : nouveau nom, nouveau logo certes, mais vieilles recettes ...

 

Crédit image

Ministère du travail, du Plein Emploi et de l'Insertion

12 décembre 2023

Tarifs des banques et assurances en 2024 : il en pense quoi Bruno Le Maire ?

 Les banques vont augmenter, pour certaines de façon importante, leurs tarifs en 2024. Les assureurs devraient suivre le même chemin. Bruno Le Maire va t-il une fois de plus se contenter de leur faire « les gros yeux » C'est plus que probable …

Si être titulaire d'un compte en banque n'est pas obligatoire, l'INC (Institut National de la Consommation) et le site Capitaine Banque nous rappellent que cela est limite impossible : « … les paiements des salaires supérieurs à 1 500 € doivent être effectués par chèque ou virement bancaire à un compte bancaire ou postal ... » de plus : « … Les paiements en liquide à un commerçant sont, eux, plafonnés à 3000€. De même, de nombreuses aides comme la CAF ou encore les allocations familiales ne peuvent être versées en liquide … » 


 Donc, nous sommes tous concernés par les augmentations tarifaires de celles-ci en 2024. Le site MoneyVox a publié une intéressante étude à ce sujet. Extraits

«  … Le prix des frais de tenue de compte, payé en direct ou via les packages bancaires, continue d'augmenter … ces frais de tenue de compte, autrefois rares, ont été généralisés au cours des années 2010, et leur prix a explosé. Pourquoi ? Notamment pour compenser les effets de la politique de taux bas, voire négatifs, de la BCE, qui a érodé, jusqu'en 2022, les revenus générés grâce à vos dépôts. Ce n'est plus le cas, loin de là : ce taux de la facilité de dépôt est remonté aujourd'hui à 4%, son plus haut niveau historique … Pire, certaines marques, historiquement peu gourmandes, opèrent un rattrapage. Le prix de la tenue de compte va ainsi augmenter de 21,4% à La Banque Postale .. »

Sur les cartes bancaires

« Entre 2 et 3% d'augmentation … Au-delà des cartes en elles-mêmes, c'est aussi le prix de services connexes qui croît. En particulier, celui des retraits aux distributeurs automatiques de billets (DAB) … Résultat : pour un usager qui effectue 4 retraits hors réseau par mois, la facture va augmenter, en moyenne, de 10% en 2024 ... »

Autre tendance lourde : la hausse, année après année, des frais punitifs, ceux destinés à sanctionner certains comportements des usagers.

« Exemple avec la généralisation progressive du minimum forfaitaire d'agios … Son prix est également en hausse de 3,2%, à 5,90 euros par trimestre en moyenne. Il double, par exemple, à La Banque Postale, passant de 1,5 à 3 euros par trimestre. La « banque citoyenne », qui compte un grand nombre de clients modestes, en profite aussi pour augmenter de près de 15% le prix de la commission d'intervention, facturée 7,90 euros dès le 1er janvier prochain .. »

Justement, attardons-nous sur le cas de la Banque Postale. Contrairement aux autres établissements bancaires, elle est la propriété de l'Etat comme l'indique le schéma le ci-dessous. (Source La Banque Postale)

 

Ce qui signifie que s'il le souhaitait, Bruno Le Maire pourrait tout à fait intervenir auprès de la Banque Postale et lui demander d'avoir une toute autre interprétation du montant des frais bancaires et de modérer voire geler ceux-ci. Ce qui aurait pour effet d'envoyer un signe à tous les autres établissements bancaires qui, soumis à la concurrence seraient bien obligés de réfléchir à deux fois pour leur hausse de tarifs.

Tout comme il pourrait, d'ailleurs, intervenir de la même façon auprès de CNP assurances (filiale à 100% de la Banque Postale) au moment ou on apprend, par Libération que des : « augmentations de tarifs pour 2024, sont chiffrées à +5 à +6 % en assurance habitation et +3,5 % en assurance automobile » histoire de calmer les ardeurs des autres assureurs.

Que répond-on à Bercy sur cette flambée des tarifs ?

Après plusieurs recherches, nous n'avons trouvé aucune réaction indignée de la part de Bercy concernant les frais bancaires. Concernant les tarifs d'assurances, Libération nous rappelle cette réponse de Bercy : «C’est le marché qui jouera», notait fin novembre une source au ministère de l’Économie, qui cependant «invite amicalement les assureurs à faire des offres intéressantes» aux tarifs «les plus contenus possibles».

Conclusion : le Ministère des l'Economie ne fera rien pour modérer les hausses de tarifs même si certaines vont pénaliser de plein fouet nombre de français. Nul doute que si la grogne monte un peu, Bruno Le Maire nous rejouera « Bruno demande » gentiment aux banques et aux assureurs de prendre en considération la situation … sans toutefois, comme d'habitude, les y contraindre ...

 

Sources

Moneyvox - Capitaine Banque - Libération- INC

04 décembre 2023

Et si on obligeait les experts sur le SMIC à vivre … avec le SMIC

 Au 1er janvier 2024, la revalorisation automatique du SMIC devrait être de l'ordre de 1,7% soit environ 23 €. Et, pas de coup de pouce puisque le groupe d'experts sur le SMIC a rendu son jugement, il  : « … recommande de s’abstenir de tout coup de pouce ... »

Quelles sont les raisons de ce refus ?

« Pas de coup de pouce, parce que ce n'est pas efficace pour lutter contre la pauvreté, parce que ça pourrait augmenter la pauvreté avec des effets sur l'emploi des personnes fragiles » a déclaré à l'AFP le président du groupe d'experts, l'économiste Gilbert Cette


 Pour ceux qui l'ignoreraient, qui est Gilbert Cette ?

« Gilbert Cette est Professeur à NEOMA Business School où il enseigne la Politique Economique. Il a étudié et obtenu un Doctorat d’Economie à l’Université de Paris 1 ...il a travaillé à la Banque de France et été Professeur Associé à l’Université d’Aix-Marseille. Le 23 août 2021, il à été nommé Président du groupe d'experts sur le SMIC ... »

Le SMIC est une obsession pour Gilbert Cette. En 2015 il proposait dans Libération : un SMIC en fonction de l'âge ou de la région. En 2022, il proposait tout simplement de le désindexer.

Pour information, il faut savoir que le groupe d'experts dirigé par Gilbert Cette est composé de Sandrine Cazes (économiste principale à l’OCDE), Julien Damon (conseiller scientifique de l’En3s), Eva Moreno Galbis (Professeure à Aix-Marseille Université) et Marie-Claire Villeval (directrice de recherche au CNRS, membre du Groupe d’Analyse et de Théorie Economique).

« On cherchera en vain la présence d’un syndicaliste ou d’un économiste désintoxiqué de la drogue néolibérale... » écrivait à juste titre Jack Dion dans Marianne. Tout comme celle des associations amenées à soutenir des salariés dans la difficulté.

Mais pour le comité d'experts, tout est au mieux pour les salariés au SMIC puisqu'ils indiquent que : «Les hausses de salaire minimum légal en France sont peu efficaces pour réduire la pauvreté laborieuse dont les principaux facteurs sont un faible nombre d'heures travaillées et la configuration familiale ... »  

Rappelons que cette déclaration concerne : « ...3,1 millions de salariés qui sont payés au Smic alors que c'était 2,5 millions l'année dernière ... », comme l'indique Sophie Binet de la CGT


 Il est clair que l'ensemble des membres du comité n'ont jamais vécu et ne vivront jamais avec le montant du SMIC. Au delà de la colère légitime que les propos de Gilbert Cette et de son comité provoquent, on a vraiment envie de leur proposer un « vis ma vie de smicard » au moins pendant quelques temps afin de vérifier la « justesse » de leurs raisonnements et de voir comment on peut se loger et nourrir sa famille dignement avec le montant du SMIC.

L'idée de voir Gilbert Cette et son comité d'expert se lamenter sur la difficulté de vivre avec le salaire minimum peut séduire mais n'a malheureusement aucune chance de se réaliser. D'autant que M. Cette, partisan de la première heure d'Emmanuel Macron, vient d'obtenir une promotion. Sur proposition de la Première ministre, il vient d'être nommé à la présidence du Conseil d’orientation des retraites.

Et quand on connaît les théories économiques de Gilbert Cette, on se dit que les futurs retraités peuvent d'ores et déjà commencer à s'inquiéter ...

 

Sources

MSN- Capital  - NEOMA- LaTribune  Libération  - Marianne 

Crédit images

CFDT Byes - Statista

 

29 novembre 2023

Les chômeurs seniors cible du gouvernement et du patronat

 Gouvernement et organisations patronales ont fait cause commune pour modifier l'âge de départ à la retraite. Feront-ils à nouveau cause commune sur la réduction de la durée d'indemnisation des chômeurs seniors ? Il semble bien que oui.

Perdre son boulot au delà de cinquante ans est une catastrophe. Nul besoin d'enquête ou de sondage pour le savoir. Selon Pôle emploi, les plus de 55 ans restent 806 jours au chômage en moyenne. 

Mauvaise volonté de ces chômeurs ? C'est en partie ce que laisse entendre Bruno Le Maire dans ses dernière déclarations

«  … pour Bruno Le maire, cette mesure permettrait de revenir au plein emploi, en incitant les seniors a reprendre plus rapidement le travail. Si on ne secoue pas les puces, il n'y aura pas 5% de taux de chômage en fin de quinquennat, soit le plein emploi … Quelque chose cloche dans le modèle social français qui empêche d'y parvenir, selon lui et notamment le taux d'emploi des seniors qui est en effet plus élevé que dans bien des pays européens. Est-ce qu'ils vaudraient moins, les plus de 55 ans? Je ne vois aucune raison pour qu'il y ait une durée d'indemnisation plus longue, c'est une hypocrisie totale, une façon de les mettre à la retraite de manière anticipée", a-t-il fait valoir. Moi, le message que j'ai envie de leur envoyer, c'est on a besoin de vous, on a besoin de votre expérience … »

 



Au delà des outrances du type : « en incitant les seniors à reprendre plus rapidement un travail » (car, c'est bien connu que les chômeurs de 55 ans et plus se complaisent dans l'inactivité) on finit par se demander si ces propos ne relèvent pas de l'humour noir. Du côté des  organisations patronales, on se dit ouvert à un changement de règles pour les seniors. La CPME plaide depuis longtemps pour « reconsidérer l'approche du marché du travail différemment de ce qu'on a fait depuis quarante ans » nous dit Le Figaro

De qui se moque t-on ? 

Soyons clairs, cela fait des années que les entreprises se débarrassent des plus âgés en utilisant tous les moyens légaux mis à leur disposition. Cela fait des années qu'il existe une discrimination d'âge parfaitement assumée par beaucoup d'entreprises. 

Mais, au fait, que proposent-elles pour augmenter rapidement le nombre de plus de 55 ans au travail ?

La CPME propose : «Nous aimerions bien voir se développer un contrat senior dans le cadre duquel une entreprise s’engagerait à maintenir un senior en activité jusqu’à son départ à la retraite au taux plein, en contrepartie de certains avantages, comme une baisse de charges» 

Ce qui signifierait que du jour au lendemain la capacité de travail des seniors nécessiterait une aide financière ? Et à quelle date ces baisses de cotisations devraient-elles intervenir, le lendemain du passage de 54 à 55 ans ? Si un salarié, quel que soit son âge, est un rouage essentiel de l'entreprise il n'y aucune raison de donner des baisses de cotisations.

Cette proposition, outre qu'elle ne règle aucun problème, est tout simplement une insulte aux salariés !

Vous noterez, au passage, que la proposition de l'organisation patronale ne parle que de seniors encore en activité ! Pour les autres ...

Et justement quid des autres ? Rien si ce n'est la descente aux enfers que représentent la fin de droits et le RSA en fin de course ! Pas certain qu'ils seront sensibles, à ce moment là, à la phrase de Bruno Le Maire : « on a besoin de vous, on a besoin de votre expérience » ...

 

Sources 

LeFigaro - MSN  - Notre Temps 

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Nextavenue


 

06 mars 2023

Réforme des retraites : le CDI senior, entre hold-up et effet d'aubaine !

Profitant du débat sur la réforme des retraites, la droite sénatoriale a voté un CDI senior concernant les 60 ans et plus. Celui-ci donnerait lieu une exonération de cotisation pour les entreprises et serait financé par ... un siphonnement de la branche famille de la Sécurité sociale.

En termes d'emploi des seniors, la seule question qui mérite d'être posée est : si un(e) salarié(e) est parfaitement compétent(e) pourquoi devrait-on, quel que soit son âge, aider financièrement les entreprises pour le(la) conserver à l'effectif  ou l'embaucher ? 

 

Et pourtant, pour les organisations patronales qui ont ardemment milité pour le report de l'âge de la retraite à 64 ans, cela tombe sous le sens. Car, au delà de n'avoir absolument aucune envie de prendre le moindre engagement concernant le maintien dans l'emploi des plus de 60 ans, au MEDEF comme à la CPME on ne cesse de réclamer des exonérations de cotisations pour conserver ou embaucher des seniors.

Les sénateurs de droite dont la proximité avec les organisations patronales n'est pas un secret viennent de leur donner raison en votant un « CDI senior » exonéré de cotisation familiale. Outre un hold-up sur les fonds de la branche famille de la Sécurité sociale qui selon le ministre des Comptes public serait au mieux de 800 millions et au pire de 2,2 milliards. Ce CDI version Sénat n'est ni plus ni moins que ce qu'on appelle un effet d'aubaine dénoncé, par le ministre qui indique que l'application de cette mesure mettrait la branche famille dans le rouge !

Nous saurons lors du retour du texte à l'Assemblée nationale si ce hold-up à effet d'aubaine est ou non validé. En attendant, les demandes des organisations patronales et le vote des sénateurs de droite sont des insultes aux seniors à qui on demande deux ans de travail en plus ! Encore une fois, si un(e) salarié(e) est parfaitement compétent, quel que soit son âge, pourquoi devrait-on aider financièrement les entreprises à le(la) recruter ?

On se demande quand et où la plaisanterie va s'arrêter.

Comme nous l'écrivions dans un précédent billet : « La réalité c'est que les organisations patronales et les entreprises qu'elles représentent n'envisageront de bouger qu'à partir du moment ou un gouvernement digne de ce nom conditionnera les aides aux entreprises dont le montant oscille entre 150 et 200 milliards à des mesures concrètes comme l'emploi des seniors »

Avec ce gouvernement et cette majorité, nous n'en sommes malheureusement pas là puisque la loi de finances pour 2023 a prévu une suppressionde la contribution sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) sur deux ans (2023-2024) sans aucune contre partie, vous vous en doutez bien.

Il n'est pas certain que les défilés et manifestations de demain seront déterminants pour faire reculer le gouvernement, sa majorité et les sénateur de droite. Il est clair que ce pouvoir, ses alliés de circonstance et les organisations patronales ne prendront conscience de la colère des salariés que lorsque le pays sera vraiment à l'arrêt. 

 

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Sénat  

28 février 2023

Réforme des retraites  : quand le patronat prend les seniors pour des jambons

 L'emploi des seniors est au cœur de la réforme des retraites bien que celui-ci ne soit pas la première préoccupation du gouvernement et des organisations patronales. La CPME fervent défenseur de la retraite à 64 ans qui s'opposait à un index seniors peu contraignant propose un «label» encore plus cosmétique.

La CPME n'a jamais fait mystère du fait qu'elle soutenait le report de l'âge de la retraite à 64 ans mais sans aucune obligation concernant les seniors en emploi ou au chômage. Si l'organisation patronale s'est dans un premier temps réjouie de ne pas être concernée par le timide index senior du gouvernement puisque celui-ci n'était applicable qu'aux entreprises de 300 à plus de 1000 personnes.

 

Elle nous a fait un « coup de calgon » en apprenant que cet index pourrait être appliqué aux entreprises de 50 personnes. Car ce dont la CPME ne veut pas entendre parler c'est une publication des effectifs qui pourrait éventuellement montrer le peu d'enthousiasme des PME à conserver leurs salariés âgés ou à en recruter.

La CPME a été en partie sauvée par le refus de vote de l'article 2 du projet de réforme concernant l'index seniors à l'Assemblée nationale. Néanmoins, dans la mesure ou le texte est au Sénat et que l'index seniors est réintroduit dans le texte, la CPME monte à nouveau au créneau au travers d'une interview de Jean Eudes du Mesnil du Buisson son secrétaire général sur Radio Classique.

Interrogé sur l'emploi des seniors, après avoir rappelé que son organisation considère que pour conserver les seniors à l'effectif jusqu'à 64 ans il faut une baisse de cotisation. il a bien entendu dénoncé l'index seniors et proposé de le remplacer par un … « label senior » qui serait : « un dispositif incitatif qui permettrait de mettre en avant les entreprises vertueuses en matière d’emploi des seniors » Et pourquoi pas une AOC tant qu'on y est ou même un label rouge comme le jambon ?

Les mauvais esprits, au sens patronal du terme, dont je fais partie feront remarquer que ce « label » ne fait aucune référence à la qualité des emplois, à l'adaptation des horaires ou des postes de travail ou de formation. Conditions essentielles pour permettre aux salariés de 57 ans et plus d'atteindre les 64 ans réclamés à cor et à cri par la CPME. Mais qu'à cela ne tienne, à la CPME on a du beaucoup s'amuser de cette nouvelle trouvaille dont monsieur du Mesnil du Buisson nous a fait part.  

Alors, que les sénateurs votent ou pas un index senior limité ou pas à 300 ou 50 salariés ne changera pas les choses. Les entreprises ne font et ne feront aucun effort pour maintenir les 57 à 64 ans dans l'emploi. Et ça, c'est une réalité beaucoup moins cosmétique que les index ou labels. La légende du bien vieillir au travail reste une imposture !