12 novembre 2010

Le patronat est pour les économies budgétaires ... quand elles ne le concerne pas !

Le combat de Laurence Parisot contre l'état providence est bien connu. Aussi, lorsque les sénateurs, pour réduire le déficit de la sécu, votent la fin progressive, des allégements de cotisations sociales sur les bas salaires, elle hurle à la "fragilisation incroyable pour nos petites et moyennes entreprises"

Le MEDEF ne décolère pas ! Le Sénat, à l'initiative d'un sénateur UMP, nous apprend le Figaro vient d'adopter, contre l'avis du gouvernement, dans le cadre du budget 2011 de la Sécu, un amendement qui acte : " La fin progressive, mais inéluctable, des allégements de cotisations sociales sur les bas salaires"

Explication : " Les entreprises bénéficient, depuis 2003, d'une exonération quasi-totale des cotisations maladie, retraite et famille au niveau du smic (... / ... Le Sénat a décidé de geler ce seuil à son niveau actuel en valeur absolue, soit 2150 euros ... / ... les allégements de charges vont donc s'appliquer à un champ de plus en plus restreint dès 2011, en théorie jusqu'à disparaître quand le smic aura atteint 2150 euros "

Et combien ça coûte actuellement ?

" Les exonérations sur les bas salaires ne représentent pas moins d'une vingtaine de milliards d'euros par an. «Une augmentation de 1% du smic accroît mécaniquement le coût des allégements généraux d'environ 600 millions d'euros ... / ..."

Cette mesure d'économie qui devrait alléger le budget de l'état et ravir notre "missionnaire" de la lutte contre les déficits a pourtant déclenché cette réaction immédiate. Elle a : ... / ... dénoncé comme "destructeur" d'emplois un amendement du Sénat au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2011... / ... " qu'elle juge : " source de fragilisation incroyable pour nos petites et moyennes entreprises " Stephan Brousse, membre du conseil exécutif du Medef a renchérit : " C'est un très mauvais signe... / ... " - Le Monde

Ce que savent les salariés, c'est que ces allègement représentent surtout une formidable trappe à bas salaires qui plombe les comptes sociaux. Mais, selon le MEDEF, il y aurait des cas où l'état se montre dispendieux et d'autres dans lesquels sa manne serait une bénédiction !

En gros, Laurence Parisot nous fait une parfaite démonstration du syndrome NIMBY ? Vous savez, cet acronyme qui signifie « Not In My Backyard » , soit « Pas Dans Mon Jardin ». utilisé pour désigner une attitude d’opposition, individuelle ou collective, de la part de riverains (d’un projet, d’un équipement...) qui entendent défendre leur bien et leur bonheur privés. " - Participation locale

Car, si en 2009 : " La présidente du Medef jugeait : " qu'il n'est ni normal ni souhaitable que l'Etat décide des rémunérations des chefs d'entreprises... / ... " évoquant ceux qui recevaient une aide de l'état - Libération En 2010, elle continue à donner des leçons de bonne gestion à l'état, tout en continuant à tendre avec délice ... la sébile !

Démonstration ?

Déclarations lors l'université d'été de l'organisation patronale, à Jouy-en-Josas : ... / ... Nous avons des finances qui sont sur une trajectoire extraordinairement inquiétante. Si nous continuons comme ça, très vite, dès 2015, nous pourrions avoir un niveau de dette égal à 100%" du produit intérieur brut ... /... Donc il faut penser toutes les décisions que nous avons à prendre en ce moment notamment en fonction de cela. Si nous ne le faisons pas, nous ne risquons qu'une chose, c'est de nous appauvrir ... / .... " - Capital

Puis le 29.09.10 : " ... / ... L'ampleur des déficits actuels et de notre dette publique est le résultat d'un processus de dégradation continue des finances publiques depuis plus de 30 ans. La part de la dette publique dans le PIB est passée de 21,1 % à 67,4 % entre 1978 et 2008. La crise économique a aggravé cette situation avec une dette publique supérieure à 83 % du PIB fin 2010. Une consolidation budgétaire est indispensable pour l'avenir de notre pays ... / ... "

Déficit qui ne leur fait pas peur lorsqu'il contribue au bonheur des employeurs : "Le Medef demande instamment la reconduction du dispositif « zéro charge TPE » qui a contribué à la création d'un million d'emplois dans les petites entreprises. Celles-ci sont aujourd'hui le plus en capacité d'embaucher pour peu que leur environnement les y encourage " - Source MEDEF

Ce qui devrait faire rire les presque 4 millions de chômeurs, dont les seniors et surtout les jeunes. Ces jeunes pour lesquels madame Parisot déclare : " Il n’y a pas de responsabilité des entreprises dans le fait que le taux de chômage des jeunes soit très élevé " - Slovar

Au delà de ce discours enflammé pour l'emploi, nous aurions aimé que la "madone" des petites entreprises nous explique en quoi la "Niche Copé" est une bonne mesure d'économie pour les finances de l'état !

Décryptage par un des blogs du journal Le Monde

" ... / ... En 2007, Danone revend sa filiale "Danone Biscuit" et économise 500 millions d'impôt sur les sociétés (IS) en 2008 (l'IS se paye en décalé comme l'impôt sur le revenu). Pour Suez, c'est 800 millions de gagnés ... / ... Les experts de Bercy avaient estimé que cette mesure coûterait moins d'un milliard d'euros sur 3 ans (0,434 Mds en 2006, 0,3 Mds en 2007 et 0,15 Mds en 2008). Les évaluations ont été revues plusieurs fois à la hausse, pour atteindre 2 milliards en 2007, 12.5 Mds€ en 2008 et 8 Mds€ en 2009 ! Soit 22 milliards sur 3 ans ... / ... "

Mais, c'est vrai que traditionnellement au MEDEF on a plus l'habitude de faire preuve de discrétion lorsqu'il s'agit de profiter de niches fiscales que de proposer de participer activement à la baisse des déficits de l'état ...


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