08 juin 2009

La droite aux commandes de l'Europe : Les citoyens en attente d'un retour aux "fondamentaux" pour les partis de gauche

Alors que de plus en plus de citoyens européens ont du mal à encaisser la crise (qui devrait selon l'OIT durer de six à huit ans) et manifestent de plus leur rejet du libre échange débridé et de la mondialisation économique, on ne peut que s'interroger en constatant les résultats (estimatifs) de l'élection au parlement européen.

En effet :

Les partis conservateurs réunis au sein du Parti populaire européen (PPE) ont largement remporté les élections européennes qui se sont achevées dimanche dans l'Union, montrent les projections du Parlement.

Le PPE est crédité de 263 à 273 sièges sur 736. Le Parti socialiste européen (PSE) obtient 155 à 165 sièges. L'Alliance des démocrates et des libéraux recueille entre 78 et 84 élus, devant les Verts, quatrième groupe du Parlement avec 52 à 56 eurodéputés, toujours selon ces projections.- Source REUTERS

Ce qui signifie que les directives et "réformes" libérales "pur jus" vont continuer, voire s'intensifier. Les lobbies patronaux vont s'en donner à coeur joie et la construction européenne reprendre son jeu de mécano délocalisateur.

Au delà de l'immense déception de ceux qui croient à une Europe de progrès social, il faut constater que les électeurs ont sanctionné ou boudé les partis qui revendiquent l'étiquette Parti Socialiste ou leur frères d'armes socio démocrates.

Les électeurs traditionnels de ces partis auraient-ils "viré" à droite ?

Bien sur que non. Ce que l'électorat de "gauche" européen a sanctionné c'est l'infime différence qu'il existe entre les socio démocrates et les partis conservateurs. Initié par le New Labour de Tony Blair et le SPD de Gerhard Schröder, la troisième voie a fait illusion pour se décliner partout en Europe en credo libéral "qui ne disait pas son nom".

Coup de l'opération : Pourquoi soutenir des partis qui sous l'apparence de la gauche impose à leurs partisans des mesures identiques à celles que prendraient les partis conservateurs s'ils étaient au pouvoir ?

En clair, lorsqu'on est militant ou sympathisant, on peut se mobiliser contre un adversaire politique. Il est par contre impossible de soutenir son camp lorsque celui-ci vous transforme en "cocu" électoral.

Le courant social démocrate est mort sans gloire le 7 juin 2009. Tout comme les partis socialistes qui ne rêvent que d'un grand mouvement avec les partis ou mouvements de centre droit au détriment des mouvements se situant à leur gauche.

On a eu tord dans ces partis de "gauche" de croire que le clivage politique et économique n'était plus à la mode. Car pendant qu'ils se transformaient en OPNI (objets politiques non identifiés), à droite, on a retrouvé ses repères et surtout on prône et applique des programmes mettant en avant l'individualisme, le retour à l'effort (pour le plus grand nombre) et l'enrichissement individuel (pour un petit nombre).

Les partis et formations de "gauche" européenne ont cru pouvoir ménager la chèvre et le choux. La posture qui a consisté à vouloir se faire "aimer" par les milieux patronaux et capitalistiques (qui les détestent) en faisant payer au prix fort leur électorat salarié qu'ils pensaient "acquis" à donné le résultat qu'on connaît : transformer les partisans des partis de gauche en abstentionnistes.

On constatera qu'en Grande Bretagne ou en Allemagne pays initiateurs de la "troisième voie" on assiste à une déroute peu commune des socio démocrates.

Les urnes on parlé et en ce qui concerne les partis ou formations de gauche, il va falloir à l'instar des conservateurs retrouver rapidement les fondamentaux qui les ont toujours différencié de ceux-ci ou ... disparaître et laisser la place à des mouvements plus radicaux mais porteurs d'espoir pour tous ceux qui payent et vont continuer à payer une crise dont ils ne sont pas responsables.

Le "Manifesto" des partis socialistes européens est un échec et doit être retenu comme tel. On ne gagne pas en réunissant des idées qui ressemblent plus à de "l'eau tiède" qu'un programme socialiste. Si la gauche européenne veut reprendre la main, elle doit maintenant s'orienter vers une stratégie d'union de TOUTE la gauche.

Cette union de la gauche (qui doit inclure l'extrême gauche jusqu'aux socialistes les plus "tièdes") doit se faire autour d'un programme de gouvernement remettant en cause

les privilèges outranciers de certains
le dumping social et fiscal
les délocalisations systématiques
les emplois précaires
la future "utra flexibilité" des salariés
la fin programmée du code du travail, de la médecine du travail et des prud'hommes
la marchandisation de la santé
l'allongement sans fin de l'âge de la retraite
la mise en coupe réglée des média

Nous sommes totalement solidaire du texte que nous a fait parvenir Gérard Filoche

Il aurait fallu que le PS choisisse véritablement l’orientation à gauche qui a prévalu, même de justesse, au congrès de Reims. Certes les divisions internes nuisent mais pas tant que ça, ce qui manque c’est l’orientation de combat de gauche vraiment mise en œuvre car c’est ça qui reléguera les divisions.

Impossible de rester entre deux voies, à la croisée des chemins entre un social libéralisme minoré et un combat de gauche insuffisamment assumé. Il faut rénover, aller à gauche vraiment, enfin.

On voit bien que les thèmes les meilleurs, les plus évidents, défendus par le Parti de gauche, le Parti communiste ou le NPA correspondent largement à l’attente de millions de salariés qui voteraient pour nous sans hésitation si nous les défendions. Mais ces partis ne suffisent pas et ne suffiront pas, ni aujourd’hui, ni demain, à ramener une majorité de voix : il faut que le plus grand des partis, le PS, physiquement, matériellement, politiquement défende ces thèmes, sinon nul n’arrivera à les faire triompher.

Rappelons que le PS dirige 20 régions sur 22, 61 % des départements, et 2 villes sur 3. En mars 2008, il a battu le sarkozysme à plate couture, la gauche avait 51 % des voix, sans l’inconsistant Modem. Le PS est la « clef » de la gauche ». Mais il ne s’en sert pas.

Si la confrontation de fond pour répondre à l’immense crise du système financier, entre une Europe de droite, libérale et une Europe de gauche, sociale, n’a pas eu lieu, à l’occasion du 7 juin, c’est la faute au programme timoré et hésitant du PS.
Car pour s’en prendre à la fois à Barroso et à Sarkozy ce qui était la bonne orientation, il ne fallait pas avoir les pieds dans le tapis du PSE et les mains liés sur l’opt out par Gordon Brown et par le SPD sur Barroso. il fallait au moins un candidat pour la présidence de la commission. Sinon le lien avec le PSE ne faisait pas gagner de voix mais en perdre : c’est un boulet. D’ailleurs partout en Europe les droitiers du PSE ont perdu faute d’offrir une alternative à la crise.

Le problème n’est pas d’avoir fait trop d’anti-sarkozisme, c’est de ne pas en avoir assez fait, et de l’avoir mal ciblé : dés la fin 2008, il fallait désigner directement Sarkzoy et son système, son programme, sa politique, comme étant les fauteurs de crise, la bande du Fouquet’s, le Medef et le CAC 40 comme les forbans de la finance. La crise n’est pas venue d’ailleurs. Elle était dans la candidature Bling-bling ses appels a la déréglementation boursière, aux subprimes, aux prêts hypothécaires. C’était Sarkozy le “trader de l’Elysée”, l’ami des banquiers et banqueroutiers, en France comme en Europe. Son agitation en G4, G 8, G 20 masquait sa responsabilité centrale dans la crise. Il ne fallait pas le laisser s’échapper, laisser croire qu’il agissait alors qu’il aggravait tout par ses choix.

Et c’est sa “présidence française” qui tentait de faire passer la directive « temps de travail » à 65 h maxima par semaine ! Que n’en n’avons nous fait un axe en y opposant les 35 h et l’incontournable réduction du temps de travail. Il fallait aussi lier la lutte contre la loi Bachelot et la directive santé. Il fallait etre instransigeant sur l’Edf et dénoncer frontalement la privatisation du fret SNCF et de la Poste, annoncer que jamais on ne plierait la France à de telles directives.

La question n’est pas de l’ampleur d’un plan de relance (40 milliards ou 100 milliards) mais de la nature dudit « plan de relance » : est-il destiné aux banquiers ou aux salariés ? est-il destiné à pérenniser le système ou à le changer ? Est-ce que nous voulons, pour sortir de la crise, redistribuer les richesses (Smic à 1600 euros, 35 h, retraite à 60 ans, Sécurité sociale, services publics) ou non ?

Le PS est aussi responsable de son score, par sa façon trop lente de rompre le compromis historique avec l’Europe des libéraux pour revendiquer une autre Europe, sociale. Il y a quatre ans, l’Europe avait passionné les électeurs français qui avaient, en toute connaissance de cause, voté « non » à 55 % au projet de constitution libérale européenne. Depuis l’écart s’est creusé entre l’Europe et les Français, à cause du coup tordu de Sarkozy imposant le traité de Lisbonne sans référendum et des embarras pérennisés du PS, ce qui a contribué à distancier beaucoup d’électeurs des urnes. Trop de salariés ont pensé : « à quoi bon ? ».

Le PS manque au salariat. Il aurait fallu avancer des revendications précises en matière de salaire, de contrôle des licenciements, de durée du travail, de Sécurité sociale. Pas du baratin ! « Changeons maintenant ! » ça ne veut rien dire (quoi, qui, pour qui, comment).

Le PS manque à la gauche : ce fut une grave erreur en pleine campagne, de notre ancien premier secrétaire de relancer l’idée d’une alliance avec le Modem, au lieu de défendre le rapprochement avec le FG, le NPA, les Verts.

Le PS ne soutient pas assez fortement les licenciés, les précaires, les pauvres et ne dénonce pas assez la politique de « rupture » réactionnaire cruellement antisociale de Sarkozy. Il court après les modes, les apparences, mais il ne promeut pas de syndicalistes ni de défenseurs du droit des travailleurs : ce n’est pas une question de génération, de quadras, mais de fond !

Enfin il faut qu’on comprenne massivement qu’on est pour la rupture avec le système. Nous sommes pour une économie mixte et contre une société de marché. Nous sommes pour rompre avec le capitalisme financier type FMI/OMC. Nous sommes pour une VI ième République sociale, pas une pour une République conservatrice néolibérale. Nous sommes pour arrêter avec le « libre-échange », la « concurrence libre et non faussée », et remplacer la « main invisible du marché » par la main visible de la démocratie. Les salariés sont plus nombreux que les actionnaires et les patrons : c’est le salariat que nous devons écouter !

Et pour cela, un seul choix, une seule dynamique, l’unité de la gauche ! Unité de toute la gauche ! Pas d’exclusive, sauf envers les idées de droite libérale ! Pas d’hésitation sur notre camp : pour reconstruire le PS, sortir du 21 avril 2002 et du 6 mai 2007, il faut enfin un autre cap.

Au boulot ! et pas d'excuses ou atermoiements ....



2 commentaires:

Etiam Rides a dit…

"La posture qui a consisté à vouloir se faire "aimer" par les milieux patronaux et capitalistiques (qui les détestent) en faisant payer au prix fort leur électorat salarié qu'ils pensaient "acquis" à donné le résultat qu'on connaît : transformer les partisans des partis de gauche en abstentionnistes."

L'histoire de la gauche européenne depuis les années 80 résumée en une phrase.

Marjorie a dit…

Bonjour
peu vous interesser je crois (vous le connaissez)! son texte resume bien le resultat des europeenes (lol)!

http://www.facebook.com/ext/share.php?sid=87750993911&h=TPELn&u=v2rfK&ref=nf

Sinon bien votre blog! je viens de che marianne2