30 mai 2008

Emploi des seniors : Travailler encore plus, plus longtemps ... jusqu'au bout ?

Tout le monde sait parfaitement que le gouvernement ne dispose d'aucun moyen pour obliger les entreprises à embaucher. Dans la mesure où notre gouvernement considère que le marché peut s'occuper de l'économie à lui seul, il lui faut bien de temps en temps (élections à venir oblige) essayer de nous faire croire qu'il est actif dans le domaine de l'emploi des 50 et +.

Et sur ce sujet, il excelle dans la logorrhée.

Il est bon de répéter à l'infini que les salariés n'ont qu'une angoisse : Qu'on les empêche de travailler au delà de 60 ans !!! Et de nous citer tel directeur d'établissement public ou chercheur scientifiques obligés de s'expatrier pour continuer à faire don de leur savoir à la planète. C'es tellement beau, qu'on finit pas se dire qu'il est vraiment injuste qu'une caissière, un maçon, une hôtesse d'accueil, une opératrice de call-center, ... ne puissent pas trouver de légitime longévité dans leurs exaltantes tâches

Aussi la dernière idée lumineuse du Ministre du travail consiste à brandir le cumul emploi retraite comme parade ultime face au sous emploi chronique de ceux qu'on a décidé d'appeler les seniors.

Mais est ce vraiment une nouveauté ?

Le journal Les ECHOS du 30 mai 2008 évoque justement ce sujet

"Certains seniors reprennent une activité salariée tout en percevant leurs droits à la retraite. Une possibilité encore peu utilisée, qui comporte pourtant de réels avantages, tant pour le salarié que pour l'employeur.

Retraité le lundi et le mardi, et directeur de projet informatique le reste de la semaine. A soixante ans passés, José Z... cumule deux statuts bien différents. Retiré de la vie active depuis septembre 2006, cet ancien cadre de grand groupe informatique a choisi depuis quelques mois de reprendre une activité à temps partiel. « J'avais besoin de continuer à travailler. A mon âge, je m'en sens encore largement capable », explique-t-il. L'homme a donc opté pour un cumul emploi-retraite, qui permet de toucher ses droits à la retraite en plus d'une activité rémunérée ... / ...

En 2005, quelque 120.000 retraités avaient repris une activité, selon la Caisse nationale d'assurance-vieillesse (CNAV). Soit 1,5 % des personnes retirées de la vie active. Un chiffre encore marginal, mais qui devrait croître : la réforme globale sur les retraites prévue en 2008 pourrait être l'occasion pour le gouvernement, désireux de rallonger l'activité des seniors, d'assouplir le dispositif. L'intérêt est double. Côté salarié, il permet de mieux appréhender la cessation d'activité. « Pour certains, le virage n'est pas facile à prendre : le salarié passe d'un niveau d'activité intense, d'un statut social et d'un niveau de salaire parfois important à une inactivité soudaine et à une perte de niveau de vie », explique Catherine Rousseau, consultante indépendante.

Bernard F... peut en témoigner. Cet ancien directeur d'exploitation de la Compagnie Française de Transport Automobile (CFTA) de Corrèze - 250 salariés, filiale du groupe Veolia - a pris sa retraite en 2000, à cinquante-cinq ans. « Lorsque j'étais en activité, je travaillais de 5 heures du matin à 18 heures tous les jours, du lundi au samedi. Et là, d'un seul coup, je me retrouvais sans rien à faire. J'avais du mal à l'accepter », explique-t-il. Depuis quatre ans, l'ancien dirigeant s'est ainsi reconverti en... chauffeur de bus, chargé du ramassage scolaire au sein de son ancienne entreprise, à raison de 60 heures par mois ! « Cela m'occupe tout en me laissant du temps pour mes autres loisirs », s'enthousiasme-t-il.

... / ... Bernard F... perçoit par exemple 75 % de son ancien salaire, soit 2.000 euros. Son activité de conducteur de bus lui permet de générer un revenu supplémentaire de 400 euros par mois. « Un vrai bol d'air », souffle-t-il.

... / ... le cumul emploi-retraite répond à des besoins précis. « Le principal avantage, c'est la flexibilité. On fait appel au senior sur une mission donnée, pour un temps limité, plutôt que de l'embaucher en CDI, ce que peu d'employeurs seraient enclins à faire », explique Charles Cottin, associé du cabinet Atout Senior. En particulier dans les secteurs confrontés à des pénuries ou tensions de recrutement. « Nous avons beaucoup de demandes dans les secteurs de la banque, de l'industrie ou de l'informatique, qui suite au papy-boom voient partir de nombreux seniors. Pour compenser la perte de savoir-faire, elles font revenir des profils confirmés, qu'elles chargent de former les plus jeunes », explique Sabrina Cohen, directrice ressources humaines d'Ad'Missions, société de portage qui gère les missions d'une centaine de retraités ... / ... "

Il est intéressant de noter une fois de plus, qu'à part quelques cadres supérieurs qui s'ennuient, on ne trouve pas trace dans l'article de "SMICARDS" candidats au cumul emploi retraite. Or, il est important de rappeler que le salaire moyen français est de ... 1200 € mensuels.

D'ailleurs, les employeurs ne s'y trompent pas puisqu'on lire dans un petit coin de l'article : "Certains employeurs sont d'ailleurs encore réticents à faire appel à des seniors, dont les compétences sont jugées dépassées et les profils plus compliqués à gérer"

Ce qui tendrait à prouver que le Ministre et les "spécialistes" de l'UMP érigent des exemples marginaux pour les transformer en généralité.

Au fait que dit-il le Ministre sur le cumul emploi retraite ?

Trouvé sur le site de l'UMP : Interview de Xavier BERTRAND

Question : Les syndicats s'inquiètent des effets pervers de la libéralisation du cumul d'un salaire et d'une pension.

XB : Il faut faire quelque chose de simple, sinon, cela ne marchera pas. Nous faisons le choix de la liberté de choix. Au 1er janvier 2009, nous donnerons la possibilité au salarié de choisir entre travailler plus longtemps en bonifiant sa retraite via la surcote, ou cumuler tout de suite un emploi avec une retraite. Ce sont des leviers très puissants pour développer l'emploi des seniors.

Mais quel leviers ? Il faut arrêter de prendre ses contemporains pour des crétins et faire une analyse basique de cette idée : Quelques cadres dirigeants vont prendre leur retraite et continuer à travailler pour leur entreprise. Avantage ? Un salaire diminué de moitié ou des deux tiers (charges sociales également) tout en conservant les mêmes collaborateurs.

De plus, dans la mesure ou ces salariés d'un nouveau type ne seront pas comptabilisés dans les chiffres du chômage lorsqu'ils seront temporairement "sans emploi", ont perçoit toute la perversité du système.

Pervers, oui, car le système se rapproche de l'idée du RMA. Quel effet d'aubaine pour des employeurs qui préfèreront embaucher un retraité flexible et peu coûteux. De l'autre côté, un Ministre qui réutilise la recette du RMA de cumul du revenu minimum d'insertion avec un emploi au rabais. Doit-on Monsieur le Ministre considérer que beaucoup de nos retraités connaîtront la notion de "Revenu minimum d'activité" jusqu'à l'inaptitude totale au travail ?

Xavier BERTRAND s'étant présenté ces derniers temps comme "l'apôtre" de la négociation sociale, il est légitime de connaître sa position sur la "pénibilité au travail"

Suite de l'interview :

Question : Que reste-t-il à négocier ?

XB : De nouvelles mesures sur l'emploi des seniors avec un rendez-vous avant la fin juin avec Laurent Wauquiez. Il faut aussi poursuivre les discussions pour améliorer la prise en compte des poly-pensionnés. Par ailleurs, j'attends le résultat des négociations engagées par les partenaires sociaux sur la pénibilité, sur laquelle, comme je l'ai déjà dit, le gouvernement prendra ses responsabilités.

Que dit le MEDEF une des parties prenantes à ce sujet après 3 ans de négociations ?

Le patronat se dit prêt à reprendre "si les organisations syndicales sont d'accord avec un examen individuel par une commission médicale" pour attester des effets de la pénibilité sur le salarié. "Nous pouvons tomber d'accord avec les syndicats sur des critères concernant les facteurs de risque comme le travail de nuit. Mais nous ne pouvons pas considérer que quelqu'un ayant tous ces critères ait d'emblée accès à une retraite anticipée", a-t-elle indiqué. Le patronat est aussi "prêt à examiner" les modalités de financement de départs en retraite anticipés pour pénibilité.

En fin de compte, personne n'évoque le fait que faire travailler les salariés plus longtemps tout en augmentant le nombre d'heures, le tout avec de plus ou moins longues périodes de chômage va tout simplement diminuer le nombre d'ayants droit. En effet, lorsqu'on considère qu'on entre de plus en plus tard dans la vie professionnelle et que progressivement la durée de cotisation sera allongée d'une ou deux années, il est probable que de plus en plus de salariés ne décèdent ou soient définitivement malades ou handicapés avant d'obtenir tout versement.

Un monument de cynisme me direz-vous ? Non, une vue équilibrée et raisonnable au strict plan économique.

Bienvenue dans un futur pays en voie de développement ...

Sources et crédits
Tribune de Genève
Les Echos
Challenge
UMP
Crédit et copyright image
NAGY

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Salut Slovar

Je découvre ton blog par l'intermédiaire de christie qui me dit tout le bien qu'elle pense de toi...
Je confirme que ton site est plus qu'intéressant pour moi et je l'ajoute à mes liens dès ce jour.

Pour ce qui est du travail des seniors, c'est sur qu'avec seulement 38% d'actifs chez les plus de 55 ans, il est incompréhensible de proposer une politique de l'emploi chez les retraités de plus de 60 ans...

Mais bon pendant que l'on parle de ça, on ne parle pas des quelques 4 millions de demandeurs d'emplois, cachés par les différentes catégories de l'anpe.

Il y a tellement à dire...
En tout cas bonne continuation
A+ stef

Anonyme a dit…

Une autre action pour les retraites :
------------


Appel aux organisations syndicales sur la “réforme” des retraites.
------------

A l'attention de : Syndicats de salariés du secteur public et privé

Nous salariés du public et du privé, demandons que soit en préalable régularisées ces importantes questions, avant toute nouvelle réforme équitable des retraites.

1/ Sur les recettes exonérées, visées par la Cour des Comptes :

- La taxation immédiate des stock-options, qui, selon les termes du dernier rapport constituent "bien un revenu lié au travail, donc normalement taxable", qui ont ainsi entraîné une "perte de recette aux alentours de 3 milliards d'euros" ( année 2005).
Ce rapport de la Cour des Comptes précise que : les 100 premiers bénéficiaires devaient toucher chacun une plus-value de plus de 500.000 euros et les 50 premiers de plus de 10 millions d'euros.

2/ Sur les dettes de l"Etat :

- Apurement de ses dettes, supérieures à 10 milliards d'euros, qu'il a cumulées à l'égard de la "Sécu" en ne compensant pas systématiquement les exonérations de charges (rapport Cour des Comptes).

3/ Sur les recettes de privatisations :

- Transfert des sommes non versées depuis 2002 vers le fond de réserve des retraites, comme la loi le prévoyait.

A savoir que ce fond était abondé à hauteur de 30 milliards d'euros en 2002. Il aurait dù étre à hauteur de 300 milliards en 2007, or 3% seulement des recettes de privatisations effectuées depuis ont alimenté ce fond de réserve.

4/ Sur les gains de la VAB, détournées des bénéfices du travail, vers les profits :

- 8,4 points de valeur ajoutée depuis 25 ans (référence INSEE), représentant pour la seule année 2006, 134 milliards d'euro, au détriment des bénéfices du travail.

5/ Sur les "niches" fiscales :

- 254 "niches" fiscales qui permettent à 3900 gros contribuables d'échapper à tout impot sur le revenu, privant l'Etat de 43 milliards de recettes, une somme supérieure au déficit budgétaire.

Nous demandons avec force et en préalable également, pour des raisons de simple justice et d'égalité des citoyens devant la loi, de morale républicaine, que le régime spécial de retraite des parlementaires soit réformé, pour l'aligner sur les critères que ces derniers décident, votent et font appliquer aux autres régimes de retraites des citoyens.

A savoir :

1/ passage à 40 années de cotisations au lieu de 37,5 années pour les parlementaires.

2/ abandon du scandaleux privilége de la double cotisation qui ne se justifie en aucun cas, permettant aux parlementaires de bénéficier d'une retraite à taux plein au bout de 22,5 années seulement de cotisations.

Nous appellons pour toutes ces raisons, les organisations syndicales du public et du privé, à s'emparer avec force et résolution de ces questions, pour les faire valoir au nom des salariés.

Merci de bien vouloir signer, divulguer et faites connaitre cet appel SVP.
N'oubliez pas de valider votre signature dans le mail de confirmation qui vous sera adressé.

Pour signer l'appel : http://www.ohfr-redir.com/1434