06 septembre 2012

La compétitivité est un leurre dangereux !

Selon les dirigeants d'entreprises et les économistes, les problèmes de la France se résument à un banal problème de compétitivité. Symbolisée par les accords compétitivité-emploi, elle n'est qu'une spirale infernale pour les salariés. 


Un des gourous américains du marketing disait, il y a quelques années : " Il faut arrêter de réfléchir en termes de marges mais plutôt en termes de prix que le consommateur est prêt à payer "

Ce qui s'est avéré vrai, puisque le grand public est prêt à payer des sommes disproportionnées pour le dernier smarphone à la mode et que les plus riches d'entre nous sont capables d'attendre des années pour se faire livrer une voiture d'exception.

Dans l'industrie électronique, on sait depuis longtemps faire travailler des sous traitants asiatiques, pratiquant de très bas salaires, tout en investissant dans la communication et la publicité. Tout comme l'industrie textile sportive, par exemple, où le moindre maillot se négocie à 75 €, et la dernière paire de basket à la mode 140 €

Dans le monde du luxe, on entende très peu de plaintes de la part des dirigeants de LVMH, d'Hermes, de Breitling, de Rolex, Ferrari, Rolls ou Aston Martin, au sujet de la compétitivité. 

Dans les deux cas, nous sommes devant des cas de marges juteuses pour des produits pour lesquels les consommateurs ne discute pas le prix puisque la passion fait place à la raison.

Et puis, il a les achats de raison, les plus nombreux, qui sont soumis à la plus féroce concurrence. Dans ce cas, le consommateur, pour des raisons bien souvent budgétaires va faire jouer la concurrence et s'orienter vers les prix les plus avantageux ou les plus bas.

Comment en ce cas, les industriels français peuvent-ils répondre à la demande de "raison" ?

Pour certains, en délocalisant la production dans des pays à bas coût de main d'oeuvre, et pour d'autres, en envisageant de faire participer leurs salariés à la baisse des prix de leurs produits.

Comment envisagent-ils le faire ?

Hé bien tout simplement au travers d'accords compétitivité-emploi et de flexibilité accrue. Ce qui signifie que les salariés accepteraient de baisser temporairement (ce qui reste à prouver) leurs salaires, ne plus avoir d'horaire légal de travail, ou éventuellement travailler gratuitement au delà des 35H00 légales.

Admettons cette "participation" des salariés à la compétitivité de leurs entreprises permette de baisser le prix des produits qu'ils fabriquent. Il est plus que probable que leurs concurrents étrangers, de peur de perdre des parts de marché, demanderont des efforts identiques à leurs salariés, ou chercheront tout simplement un pays ... encore plus accueillant au niveau des salaires et conditions de travail.

L'entreprise française se verra donc obligée de demander un nouvel effort à ses salariés, ce qui déclenchera une réaction identique des ses concurrents étrangers ... Ce petit jeu pourrait continuer jusqu'au moment où les entreprises ne verseraient plus de salaire. Mais il aurait longtemps qu'il n'y aurait plus d'acheteur pour les produits.

Ce raisonnement qui peut paraître absurde est pourtant celui que l'on essaye de faire croire à l'ensemble des salariés. Salariés à qui on répète en boucle que ces mesures n'ont pour but que de préserver les emplois, alors que nul ne sait si les sacrifices qu'ils auront consentit donnera un avenir à leurs usines.

La réalité c'est que le libre échange a atteint ses limites. Lorsqu'on sait que la Chine, par transferts technologiques dispose aujourd'hui de tous les moyens intellectuels et techniques lui permettant de noyer le reste du monde de produits "achats de raison" et qu'il est le premier sous traitant des fabricants des "achats de passion" il est clair que mettre en place la spirale de baisse des salaires des ouvriers français n'a aucun sens !

En clair, Il serait nécessaire :

De revoir de fond en comble la nature des accords d'échanges entre pays adhérents à l'OMC
De se pencher sur les trous de la passoire européenne
D'exiger que pour exporter en Europe, les normes définies par l'Organisation Internationales du Travail soient clairement appliquées.

C'est pas demain la veille direz-vous ?

Et c'est bien dommage, car si ces exigences ne sont pas appliquées, ce sont les seuls salariés qui payeront la folie de la compétitivité.

Mais n'ayez crainte, cet appauvrissement progressif des salariés ne profitera pas uniquement aux éventuels consommateurs. Une partie de ce qu'ils auront cédé intégrera la poche des actionnaires qui, de toute façon, n'ont aucune envie de participer à la compétitivité des entreprises.

Quand on vous dit que la compétitivité est un leurre !