07 mars 2012

Formation des chômeurs : Démystification d'une proposition de Nicolas Sarkozy

La formation des chômeurs est un des arguments forts de la campagne de Nicolas Sarkozy. Il suffirait de les former pour qu'ils retrouvent un emploi. Ce que conteste le Fongecif, organisme qui finance la formation continue des salariés du privé !

Il est vraiment dommage comme l'explique Catherine Nay dans son livre « l'impétueux » que Nicolas Sarkozy ait été victime d'une épouse malveillante qui a transformé la première partie de son mandat en cauchemar.

Car, s'il n'avait pas eu à subir la fête du Fouquet's et le yacht de Vincent Bolloré, il se serait certainement emparé du sujet de la formation des chômeurs. Mais, il faut dire qu'en 2007, l'objectif était le plein emploi : « (...) je veux dire aux Français, en 5 ans on arrivera à 5% de chômage comme les autres l'on fait, il n'y a aucune façon, aucune raison que l'on arrive pas à ce résultat (...) »

Or, 5 ans plus tard, le nombre d'inscrits à Pôle Emploi a dépassé les 5 millions et ne parvient plus à gérer le flot des licenciés économiques ou issus des ruptures conventionnelles. Alors, fidèle à lui même le Président candidat s'est souvenu d'une décision remontant à juin 2008 : L'offre d'emploi raisonnable qui était selon Laurent Wauquiez : « une offre qui se situe dans un périmètre de 30 km autour du domicile du demandeur d'emploi, et qui correspond globalement à ses qualifications » Celle-ci devant : « réduire, d'ici à 2012, le taux de chômage à 5 % »

Cette lumineuse idée ayant fait long feu, le Président candidat a donc décidé 5 ans plus tard de frapper encore plus fort en proposant de : « forcer les chômeurs à accepter des formations pour s’orienter vers des métiers en tension (restauration, bâtiment…). Il prône un nouveau système dans lequel l’indemnisation ne sera pas une allocation que l’on touche passivement mais une rémunération versée en contrepartie de la formation qu’il devra suivre » nous dit Challenge

Cette proposition immédiatement applaudie par l'UMP a toutefois été remise en cause par plusieurs média économiques au fait qu'il : « (...) est plus facile pour le futur candidat de soupçonner les demandeurs d'emploi de fainéantise (...) » mais, jusqu'à présent, nul n'avait entendu les seuls spécialistes du sujet, à savoir : Le Fongecif, organisme paritaire qui finance la formation continue des salariés du privé et des salariés de l’Afpa qui se sont confiés au journal La marseillaise

Que disent-ils ?

Régis Torreilles, président du Fongecif Paca : « Que l’on arrête de nous considérer comme une vache à lait. Ces propositions reviennent ni plus ni moins qu’à nous pomper les milliards d’euros de la formation professionnelle »

Gérard Goron, directeur du Fongecif Paca de son côté nous explique que le chiffrage de : « 30 milliards d’euros de la formation professionnelle » est assez partial dans la mesure où si : 31,315 milliards d’euros ont effectivement été dépensés en faveur de la formation professionnelle en 2009, ce chiffre inclut les 6,05 milliards d’euros dépensés par les trois fonctions publiques pour la formation de leurs agents. Si bien qu’il conviendrait de parler de 25 milliards d’euros (...) Dans cette enveloppe, les collectes des cotisations des entreprises représentent 13 milliards d’euros, dont 10,70 sont consacrés à la formation des « actifs occupés du privé (...) ». « Et sur ces 10 milliards, 6 sont gérés par les OPCA (Organisme paritaire collecteur agréé) »

En clair, on est loin des 30 milliards d’euros annoncés comme disponibles par le Premier Ministre !

Jean-Claude Labranche, membre de la commission exécutive nationale de la CGT Afpa (Association nationale pour la formation professionnelle des adultes) rappelle au passage que le président-candidat qui érige aujourd’hui la formation des chômeurs comme « une priorité absolue », « n’a eu de cesse de massacrer l’Afpa (...) On est passé de 700 millions d’euros de subvention à ... 10 millions »

Labranche qui réfute l’idée selon laquelle il existerait un stock d’emplois vacants en France « Il y a 4 millions de chômeurs et seulement 300 000 emplois vacants ! Et ce ne sont pas des stocks d’emplois identifiés, mais seulement des personnes qui viennent de quitter leur emploi »,

Sans oublier, tout simplement, que : « Tout le monde n’a pas besoin d’une formation » et comme le dit judicieusement Jean-Claude Labranche : « la formation ne crée pas d’emploi (...) Ce n’est pas un outil magique, il y a des chômeurs qui sont qualifiés, notamment de nombreux cadres en Paca »

Et le syndicaliste de conclure : « On ne peut pas tout attendre de la formation professionnelle. Pour que cela apporte quelque chose, il faut que la personne soit motivée, pas contrainte et forcée. Ce qu’il faut c’est convaincre les gens que la formation pourrait être une vertu, un vecteur de consolidation de leur emploi (...) »

Parfaitement d'accord mais malheureusement pas en phase avec un Président candidat pour qui les chômeurs ne sont en fin compte que des assistés qu'il est nécessaire de ... rééduquer.


Intégralité de l'interview de La Marseillaise


Crédit photo
Ressources Emploi

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