13 mai 2011

De quelle gauche Terra Nova parle t-elle ?

Terra Nova le think tank de gauche l'affirme : « la gauche centrée sur la classe ouvrière est en déclin » et explique l'incapacité de cette gauche à renouer avec ces classes populaires. Mais de quelle gauche parle t-elle ?

Ainsi, après l'UMP, spécialiste des débats « sans tabou », c'est au tour de Terra Nova, think tank qui se réclame de gauche, de succomber à cette mode .

Dans un rapport publié sur son site Terra Nova affirme que : La sociale démocratie ne pourrait gagner en 2012 qu'en faisant l'impasse sur le vote des classes populaires et en misant sur celui d'autre catégories plus porteuses !

Or, au moment où les appels à l'union à gauche se multiplient, essayant de regrouper sous une même bannière, toutes les composantes de celle-ci. Le débat que viennent de lancer Bruno Jeanbart et Olivier Ferrand ressemble bien à un mauvais coup porté à leur camp.

Et, bien qu'Olivier Ferrand essaye de se défendre dans un billet, parfaitement contradictoire avec le rapport et portant le titre de : Qui défend les classes populaires publié aujourd'hui, le mal est fait !

Outre ce qu'expliquait mon camarade Variae sur son blog hier : « (...) Le groupe de travail Terra Nova, confondant cause et conséquence, inspecte les facteurs déterminant le vote de gauche aux dernières élections, et en tire, au petit bonheur la chance, un inventaire à la Prévert de catégories mélangeant genre (les femmes), origine (les immigrés), âge (les jeunes), diplôme (les diplômés du supérieur) et situation professionnelle (les CSP+) (...) »

Terra Nova écrit que : « Partout en Europe, la social-démocratie est en crise. Elle ne gouverne plus que dans 6 pays sur 27 (...) Le modèle de société porté par la social-démocratie – l’économie sociale de marché, autour de la construction de l’Etat-providence – n’est plus compatible en l’état avec le nouveau monde globalisé. Il doit être refondé (...) »

Mais, vous êtes vous posé messieurs les beaux esprits de Terra Nova la question de vraiment savoir pourquoi la sociale démocratie ne fait plus recette en Europe ?

Peut être d'avoir finit, dans beaucoup de cas, à tellement ressembler à la droite que leurs électeurs ont préféré voter pour les écologistes, des formations plus à gauche ou tout simplement se réfugier dans l'abstention !

Ou peut être d'avoir oublié ses valeurs en cours de route comme l'écrivait Philippe Marlière sur D&S : « (...) Avant son recentrage des années 80, la social-démocratie s’était définie à travers son action contre les injustices sociales (économiques et culturelles). A ce titre, elle a toujours été perçue par le public comme une force de gauche. Après vingt années de « modération » économique, de cogestion néolibérale et d’alliances avec la droite sur le plan national et européen, la nature de gauche des partis sociaux-démocrates est incertaine. En tout cas, elle n’apparaît plus comme allant de soi pour un nombre croissant d’électeurs. L’Europe sociale, revendiquée par les sociaux-démocrates, n’a connu aucune avancée majeure, car elle est rejetée par une majorité des partis issus du Parti des socialistes européens (...) »

En France, la sociale démocratie n'a pas perdu ses électeurs des classes populaires parce : « (...) Les classes populaires (ouvriers et employés) ont (...) des valeurs culturelles conservatrices (ordre et sécurité, refus de l’immigration et de l’islam, rejet de l’Europe, défense des traditions…) » Mais bien parce qu'elle a délaissé le champ social, le laissant aux seuls partenaires sociaux avec le déséquilibre que l'on connaît entre la puissance des organisations d'employeurs et les syndicats de salariés.

La mondialisation acceptée, telle quelle, par la droite et une partie des sociaux démocrates a touché en premier ces mêmes ouvriers et employés qui ont du, soit accepter de baisser leurs salaires (travailler plus pour le même tarif) ou simplement voir fermer leurs usines !

Ce qui serait, selon Terra Nova, une chance pour les sociaux démocrate puisque: « (...) il est possible d’identifier au sein des classes populaires des sous-catégories plus aisées à raccrocher à la gauche. Il y a d’abord les précaires, les chômeurs, les exclus : ceux-là votent à 70% à gauche (...) » Quant aux autres, pas de temps à perdre puisque :« le problème de la gauche se situe avec les classes populaires au travail, qui sont en CDI mais qui ont peur du déclassement (...) »

Mais direz-vous, quid des réactions à gauche et notamment au PS sur cette vision bien particulière de faire de la politique ?

Arnaud Montebourg a écrit sur son blog : « (...) Mon analyse diffère radicalement de celle de la note de Terra Nova (...) Même si les catégories populaires s’abstiennent massivement aux élections régionales, cantonales ou européennes, je n’oublie pas que le taux de participation a été massif en 2007 parmi elles comme dans l’ensemble du pays. Je n’oublie pas que leur vote est déterminé par la capacité ou non de la gauche à répondre aux causes et conséquences de la mondialisation. La clé de la victoire pour la gauche, dans l’avenir proche comme sur le long terme, c’est le lien qu’elle doit renouer avec ces classes populaires (...) »

Pierre Moscovici a également, sur RFI, rejeté les arguments de Terra Nova !

Et enfin, Solférino 2012 qui est un groupe de plus de 50 députés socialistes qui veut conforter l'action de Martine Aubry à la tête du Parti socialiste a écrit : « (...) Ce choix, défendu dans certains milieux bien pensants et ripoliné en modernisme, serait mortifère pour la Gauche. D'abord parce que ce qui a toujours été au coeur de la Gauche et qui l'a réunie est la volonté d'améliorer d'un même mouvement les conditions de vie quotidiennes des classes moyennes et populaires. Toutes les victoires de la Gauche se sont bâties sur ce principe, et notamment celle du 10 mai 1981 (...) »

Et oui, monsieur Ferrand, il ne suffit pas aujourd'hui de publier une sorte de rectificatif qui permettrait de décrypter ce que vous avez publié la veille. C'est hier qu'il fallait le faire figurer avec votre « essai » !

Reste maintenant à savoir si certains candidats à la primaire socialiste sont en mesure d'approuver le raisonnement de Terra Nova. Si c'est le cas, qu'il se fassent connaître rapidement, afin que les votants à cette primaire, les éliminent rapidement et sans remord !


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Terra Nova

12 mai 2011

Mais ou est donc passé : l'Observatoire du fabriqué en france ?

Particulièrement prisés par les politiques et les milieux économiques, les observatoires ont pour utilité de calmer l'opinion tout en ayant vocation au mieux à végéter, au pire à disparaître. Il semble que c'est le cas de " l'observatoire du fabriqué en France "

Qui à part Christian Estrosi, l'éphémère ministre de l'industrie ou quelques initiés, se souviennent de : « l’Observatoire du Fabriqué en France » ? En septembre 2010, le blogueur Eugène repris par Marianne2 en faisait état lors de son lancement, rappelant que : « (...) les indicateurs du premier tableau de bord du Fabriqué en France, dévoilé le 31 août par Christian Estrosi, étaient dans le rouge »

Rappelons nous un instant les déclarations du ministre toujours disponibles, sur le site du gouvernement : « Christian Estrosi a présenté l’Observatoire du Fabriqué en France, à Paris le 31 août 2010. Ce nouvel outil permettra de faire le point chaque année sur l’état de l’industrie française (...) En créant l’observatoire du Fabriqué en France, Christian Estrosi souhaite préparer la France d’après crise. Pour le ministre, il s’agit de redonner à l’industrie française les moyens de regagner des parts de marché et de créer des emplois, tout en augmentant la production industrielle de 25 % d’ici à 2015 (...) »

Suivaient de très sérieux indicateurs : « (...) L’Observatoire du Fabriqué en France va se fonder sur trois indicateurs, mis à jour chaque année (...) » Pour finir par ce morceau d'anthologie : « L’Observatoire que vous découvrez aujourd’hui n’a pas été conçu comme un simple outil de description statistique, mais comme un objet de dialogue, de débat, et de décision »

Les activités concernés par l'observatoire étaient : « Automobile, ferroviaire, aéronautique, construction navale, technologies et services de l'information et de la communication, industrie de la mode et du luxe, industries des biens de consommation, chimie et matériaux, industries de santé, agroalimentaire et éco-industries »

Et puis plus rien ... jusqu'au 4 avril dernier où, on apprenait, que : « Eric Besson a annoncé qu'une double concertation serait bientôt engagée sur le marquage des produits français mis en vente sur le marché communautaire d'une part, et sur l'éventuelle création d'une indication géographique protégée industrielle au niveau communautaire d'autre part (...) le ministre a annoncé l’engagement de travaux destinés à mettre en œuvre les propositions formulées par Yves Jego, en faveur du made in France, dans le rapport qu’il a remis au président de la République en mai 2010. (...) »

Nouveauté : Eric Besson a créé en mars 2011 un : « Comité stratégique de filière des industries des biens de consommation » dont la mission sera d'examiner : « (...) La valorisation du fabriqué en France (...) »

Maintenant, en termes d'efficacité, il ne semble pas possible de connaître les résultats du : « nouvel outil qui devait permettre de faire le point chaque année sur l’état de l’industrie française » et à fortiori de ceux qui devait permettre : « à l’industrie française les moyens de regagner des parts de marché et de créer des emplois »

Mais pas d'impatience, puisque, comme l'indiquait, le site du ministère de l'économie et des finances, le 4 mars 2011 : « Les résultats de ces travaux (Comité stratégique de la filière des industries des biens de consommation) seront rapportés devant la conférence nationale de l’industrie (CNI) »

Résultats qui, sans doute seront longuement étudiés ... jusqu'au lancement officiel de la campagne présidentielle de 2012. Pendant laquelle, il sera toujours temps de promettre de : « redonner à l’industrie française les moyens de regagner des parts de marché et de créer des emplois, tout en augmentant la production industrielle de 25 % d’ici à 2015 » !

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Portail du gouvernement

11 mai 2011

Réforme fiscale et prime aux salariés : Champagne et fumisterie ?

Etonnante coïncidence : Le gouvernement espère faire voter en même temps, les textes sur la prime des salariés et de la réforme fiscale. Une habile façon de détourner l'attention des salariés sur les cadeaux fiscaux faits aux plus aisés ?


Selon l'Usine Nouvelle, le gouvernement envisage, en ce qui concerne la prime aux salariés : « (...) une adoption définitive du texte avant l’été par le Parlement. La première lecture doit avoir lieu dans la semaine du 14 juin à l’Assemblée Nationale (...) et en ce qui concerne la réforme fiscale, il : « (...) souhaite une adoption du projet de loi avant le 14 juillet. La première lecture à l’Assemblée nationale pourrait donc être effectuée début juin (...) »

Si certains diront qu'il s'agit de rationaliser le temps et l'énergie des nos parlementaires, d'autres, s'attarderont sur le machiavélisme du tempo !

En effet, ce n'est qu'en 2012 que le bouclier fiscal devrait disparaître. Néanmoins, il est maintenu pour cette année et le gouvernement a décidé, comme l'écrit l'AFP : « (...) pour plus de discrétion (...) » que « (...) le fisc n'adressera plus de chèques cette année-là aux contribuables aisés. Ils déduiront eux-mêmes, ni vus, ni connus, le montant du bouclier et celui de l'ISF dont ils s'acquittent parallèlement (...) »

Sur l'ISF en particulier, les allègements représenteront un perte de : « 900 millions pour les caisses de l'Etat que le gouvernement a promis de compenser à l'euro près (...) »

Toutefois : « (...) Selon les calculs du syndicat des impôts Snui-SUD Trésor, les 1000 ménages disposant à la fois d’un capital de plus de 16 millions d’euros et de très hauts revenus devraient ainsi économiser, chacun, près de 400 000 € par an (...) »

De quoi irriter la fameuse classe moyenne, que prétend défendre Laurent Wauquiez, le pourfendeur ... de l'assistanat social !

En effet, le site Web de L'entreprise, qui semble bien informé, donne aujourd'hui, les détails du projet de prime, que le gouvernement devrait soumettre aux assemblées. Et là, pas de quoi pavoiser !

Première information : « La nouvelle prime sera exonérée de cotisations jusqu'à 1200 € »

Quelles seront les entreprises qui y seront assujetties ?

« (...) Les entreprises (ou les groupes) de 50 salariés et plus qui ont versé des dividendes en hausse par rapport à la moyenne des dividendes des deux années précédentes (...) »

Le montant et les modalités seront-ils fixé par la loi ?

« (...) Le montant et les modalités de versement de la prime seront librement déterminés dans chaque entreprise (...) »

Quelle fiscalité lui sera t-elle imposée ?

« (...) Le salarié sera imposé sur cette prime. Pour les entreprises, elle sera déductible de l'impôt sur les sociétés (...) »

Question qui fâche : A défaut de connaître le montant que chaque entreprise acceptera, après négociations, accord avec le personnel ou tout simplement de façon unilatérale. Combien de salariés toucheront quelque chose ?

Partant du principe que : le nombre d'emplois salariés s'établissait à 16,4 millions au 3e trimestre 2010 et que, comme l'expliquait Le Monde : « (...) Une minorité d'entreprises verse des dividendes (...) » Et que seules : « 16,4 % des PME étaient concernées (...) » Rapport Cotis

« (...) environ quatre millions, seraient concernés par la prime, obligatoire dans les entreprises au-dessus de cette taille dont le dividende a progressé l'année par rapport à la moyenne des deux années précédentes. Cette annonce revient sur l’estimation effectuée par le même ministère fin avril. A l’époque, il évoquait un chiffre atteignant les huit millions de salariés concernés par les négociations (...) » explique l'Usine Nouvelle

Alors, opération de communication destinée à cacher au plus grand nombre, les petits cadeaux destinés à l'électorat traditionnel de l'UMP ?

C'est ce que pense Jean Arthuis, le très peu primesautier président de la commission des finances du Sénat (et partisan de la suppression totale de l'ISF) : « (...) Tout cela c’est de la gesticulation, cela ne fait pas une politique salariale et cela relève seulement de considérations de conjoncture politique (...) » Ce qui ne saurait, modifier l'attitude du gouvernement et de sa majorité parlementaire, qui ont d'ores et déjà décidé, des attributaires ... du champagne et de la fumisterie !

10 mai 2011

Medef : Des tickets sports pour améliorer le climat social ?

Comment faire oublier aux salariés, la prime gouvernementale, la pénibilité, le stress, et améliorer le climat social dans les entreprises ? Voila une question à laquelle le Medef a une réponse simple : Offrir des «tickets sport» aux salariés !

Avec le Medef, en termes de propositions pour l'amélioration des conditions de travail, on est jamais déçu ! En effet, alors que celui-ci mène toujours un combat âpre pour minimiser le montant de la (future possible) prime gouvernementale pour les salariés, comme le montre le communiqué du Medef de l'Aude, publié aujourd'hui, dans le journal l'Indépendant

Extraits : « (...) Le Medef Aude s'élève contre cette décision qui vise une fois de plus à faire peser sur les entreprises de nouvelles dépenses obligatoires (...) les entrepreneurs ne comprennent pas l'ingérence d'un État dépensier dans le dialogue social des entreprises. Le dialogue social est de la compétence de chaque dirigeant ainsi que de leurs syndicats représentatifs. Ce que souhaitent réellement les salariés ce sont des augmentations de salaire pérennes, qui ne sont possibles que s'il y a de la croissance. Or, les entreprises de l'Aude sont encore trop fragiles pour prétendre à une telle augmentation (...) Un dispositif qui oppose au lieu de rassembler. De quoi favoriser un profond sentiment d'injustice sociale que les syndicats ont d'ailleurs parfaitement perçu. Sauf à révolutionner le modèle économique et social et à prendre le pouvoir dans les entreprises, l'État n'a pas à intervenir dans la gestion des entreprises. Nous ne pouvons accepter qu'il décide de donner l'argent des autres et ne remette pas en cause sa propre gestion (...) »

Il continue de réfléchir à l'amélioration du dialogue social et des conditions de travail des salariés ! Et de quelle façon, direz-vous ?

Et bien, en réfléchissant à la possibilité de distribuer des : « (...) titres sport comme il existe des titres restaurant (...) »

Extrait de Medef argu de mai 2011 : « Le sport un levier de croissance durable pour la France : (...) Les problématiques de santé et de bien-être au travail prennent une importance de plus en plus grande, pour les salariés, comme pour les chefs d’entreprise. Or quoi de mieux que le sport pour garder ou retrouver la forme et le moral !

L’entreprise peut être un des vecteurs majeurs du développement des activités physiques et sportives qui peuvent contribuer à réduire le stress professionnel, à répondre à la demande de mieux-être au travail des salariés et à améliorer le climat social dans l’entreprise. C’est pourquoi le Comité Sport du MEDEF a lancé une réflexion sur la mise en place d’un titre sport, comparable au titre restaurant (...) Des études d’impact sont en cours pour évaluer l’équilibre budgétaire de ce dispositif, l’impact en matière de santé publique et donc de moindre déficit de la sécurité sociale venant idéalement compenser les avantages fiscaux (...) »

Oui, car bien entendu, le Medef n'envisage pas de financer ce programme, puisqu'il indique en toutes lettres que celui-ci serait : « exonéré de charges sociales et fiscales pour l’entreprise » mais toutefois (il faut dire merci ?) « net d’impôt pour le salarié »

En gros : Des employés destressés, moins revendicatifs, souffrant moins de troubles squeleto musculaires et qui, par conséquent coûteraient moins cher à la sécurité sociale. Une idée de génie non ?

Enfin idée seulement, car, le Medef, toujours soucieux que l'Etat finance ses idées, mais refuse que celui-ci intervienne dans la gestion des entreprises, n'oublie surtout pas d'indiquer clairement que le titre sport serait : « facultatif pour l’entreprise » ! Non mais !


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TMS par CFDT Auchan

09 mai 2011

Wauquiez et Goasguen : Perdre son âme plutôt qu'une élection ?

Pour les hommes politiques au pouvoir, perdre les élections est leur pire cauchemar. Certains, comme Laurent Wauquiez ou Claude Goasguen, sont d'ailleurs prêts à adopter certaines demandes du Front National pour s'y maintenir !

Dans une chronique du 23 mars 2011, Marie-Bénédicte Allaire, du service politique de RTL déclarait : « (...) en 1987, une tribune de Michel Noir, à l'époque député maire RPR de Lyon avait jeté un pavé dans la mare ... il écrivait qu'il valait mieux perdre une élection que son âme ... l'UMP n'en est pas aujourd'hui à se poser la question d'une alliance avec le FN ... mais si elle ne veut pas en arriver là ... elle doit montrer qu'elle a d'autres réponses à apporter ... et notamment des réponses économiques sociales ... or on peut se poser la question ... lancer des débats qui tournent au défouloir anti-musulmans ... jeter l'opprobre sur les roms ... n'est-ce pas d'une certaine façon perdre son âme quand on se réclame d'une droite républicaine (...) »

Or, les dernières déclarations de Laurent Wauquiez au nom de la droite sociale et celles de Claude Goasguen au nom de la droite populaire laissent à penser que l'UMP préfère se focaliser sur le fait que : « (...) Marine Le Pen devient la personnalité qui recueille le plus de suffrages auprès des sympathisants de droite : 55 % (+ 10 points en un mois ) » que des : « réponses à apporter, notamment économiques sociales »

Laurent Wauquiez a : « jugé anormal que le système de protection social, le plus généreux d'Europe, permette aux étrangers, très facilement, de bénéficier de nos différents outils de solidarité. Il est normal que quelqu'un qui vienne en France bénéficie de notre système à condition qu'il ait un minimum contribué (...) suggérant d'établir une durée minimale de travail - cinq ans - pour pouvoir y prétendre (...) » - Le Monde

Franchement novateur, lorsqu'on sait que la proposition de monsieur Wauquiez a été émise en ... 1985 et en ... 2001 !

« (...) nous offrons pratiquement gratuitement aux gens qui rentrent chez nous sans aucun contrôle des services sociaux qui sont gratuits pour ceux qui en bénéficient mais pas pour la communauté Française qui les paie avec ses impôts (...) » J-M Le Pen à L'heure de vérité

Dans le même registre, on trouve : « (...) Dans cet esprit, je veux que la priorité soit de nouveau accordée aux citoyens français pour les emplois et les prestations sociales. Et cette mesure ne constituera pas seulement une mesure de justice à l'égard de nos compatriotes, mais contribuera aussi à dissuader les étrangers peu scrupuleux de venir chez nous abuser de notre pays (...) » Bruno MEGRET - Discours de lancement de la campagne présidentielle

Le tout synthétisé dans le programme du FN : « (...) Supprimer les pompes aspirantes en réservant les aides sociales diverses et les allocations familiales aux seuls Français et en réinstaurant, dans le cadre de nouvelles dispositions législatives, la préférence nationale pour les prestations sociales (...) »

Moins médiatisé mais pourtant aussi significatif : Claude Goasguen, qui ne souhaitait pas être en reste a lancé : « (...) Je souhaite que l'on commence par enregistrer les situations de double nationalité au moment des actes de mariage, de naissance ou de naturalisation. On disposerait ainsi à terme d'un registre des binationaux, (...) En France aujourd'hui, on ne sait pas combien ils sont, sans doute 4 à 5 millions. Je souhaite aussi qu'on aille progressivement vers une limitation de la double nationalité (...) »

Qui n'est qu'une variante de : « (...) Lancer une réforme du droit de la nationalité, en supprimant notamment la binationalité et l’acquisition automatique de la nationalité (celle-ci ne serait alors automatique que si l’on est de père ou de mère français) » Programme du Front National ou de : « (...) Oui je crois qu'il faut changer le code de la nationalité, qu'il faut supprimer le droit du sol et je pense qu'il faut supprimer la double nationalité (...) » Marine Le Pen en 2009

Et qui fait suite à l'échec d'une tentative du même Goasguen à l'Assemblée Nationale, avortée par le Sénat qui a : « (...) retoqué deux dispositions, introduites par les députés à la demande de la Droite populaire (issue de la droite de l'UMP), modifiant l'accès à la nationalité. Le premier supprimait l'automaticité de l'acquisition de la nationalité pour les jeunes étrangers de 18 ans (...) » - Le Figaro

Mais qu'en est-il vraiment, de l'application des ces mesures, destinées à convaincre l'électorat de droite extrême de revenir dans le giron de l'UMP ?

Danièle Lochak, professeur à l'université de Paris X-Nanterre et présidente du Gisti donne une réponse précise : « (...) L'administration ne saurait, de son côté, refuser à un étranger le bénéfice d'un droit ou d'une prestation aussi longtemps qu'il n'existe aucun texte législatif ou réglementaire réservant ce droit ou cette prestation aux Français. L'article 187-1 du Code pénal punit en effet de peines de prison et d'amende « tout dépositaire de l'autorité publique ou citoyen chargé d'un ministère de service public » qui refuse sciemment à une personne, en raison de son origine, ou de son appartenance ou de sa non appartenance à une race ou une nation déterminée, le bénéfice d'un droit auquel elle pouvait prétendre (...) »

Néanmoins, ajoute Danièle Lochak, un débat reste toujours possible puisque : « (...) Le Conseil constitutionnel n'a jamais eu à se prononcer directement sur cette question. Dans une décision rendue le 23 janvier 1987, il n'a pas considéré comme inconstitutionnelle la loi qui ouvrait la possibilité de subordonner à une durée minimale de résidence sur le territoire français le bénéfice de certaines prestations sociales, se bornant à indiquer que la mise en oeuvre de cette loi par le pouvoir réglementaire ne devrait pas aboutir à dénaturer le principe posé par le Préambule de la constitution de 1946 selon lequel « la nation garantit à tous (...) la protection de la santé, la sécurité matérielle (...) »

Alors, l'UMP et ses dirigeants pousseront-ils leur raisonnement jusqu'à rendre un peu plus crédible la déclaration de Jean-Marie Le Pen : « les électeurs préféreront un jour l'original à la copie » ? En tous cas, il semble bien qu'à l'UMP, on ait choisit de : perdre son âme plutôt qu'une élection !

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Hervé Baudry