09 avril 2010

Sondages de l'Elysée : On efface tout et ... on recommence ?

"En France, on est toujours en train de voter. Et quand on vote pas, ils nous sondent… non, avec des journaux. Remarquez, le résultat est le même : on l'a un peu dans le c.." disait Coluche !

Le sondage CSA, "fort à propos", publié ce matin par Le Parisien affirmant que : " 82% des personnes interrogées répondent «Non» lorsqu'on leur demande si les rumeurs qui courent sur la vie privée des personnalités politiques ont une influence sur l'opinion" Nous en apporte une fois de plus la preuve.

Et surtout, nous rapelle la passion de notre Chef de l'Etat pour les études produites par les instituts de sondages.

Passion fort coûteuse au demeurant, comme nous l'avait appris la cour des comptes et qu'on a appelé : l'affaire des sondages de l'Elysée

" En 2008, l'Elysée avait versé 1,5 million d'euros au cabinet d'études Publifact, alors dirigé par Patrick Buisson, ex-directeur du quotidien d'extrême droite Minute, patron de la chaîne Histoire et conseiller de Nicolas Sarkozy. Source Rue89 Une somme dont la Cour des comptes avait souligné le caractère exorbitant dans son rapport sur le budget de la présidence. Comme indiqué en page 11 du rapport (qui ne donnait toutefois aucun nom)

Affaire longuement expliquée dans une série d'articles par nos amis de Marianne2. Ce qui leur valut de comparaître devant la XVII° chambre du tribunal de grande instance de Paris.

Il est à noter que : "le tribunal correctionnel de Paris a débouté le patron de l'institut d'enquêtes OpinionWay, Hugues Cazenave, d'une demande de condamnation pour diffamation de l'hebdomadaire Marianne qui, en juillet, l'avait accusé de "trafiquer" certains de ses sondages, payés par l'Elysée ... / ... " Source Easy droit

Du côté politique, à l'Assemblée Nationale les députés socialistes avaient demandé la création d'une commission d'enquête parlementaire. Cette demande qui sera déclarée : "irrecevable" parce que "non constitutionnelle" par la commission des lois de l'Assemblée Nationale - Source Le Parisien

Mais qui étaient les instituts ayant travaillé pour l'Elysée et que leur reprochait-on ?

L’institut Ipsos : avec 889 824 euros reçus en 2008 pour seulement 15 études et 357 963 euros pour 11 enquêtes jusqu’en juillet 2009 - est le grand bénéficiaire de la manne élyséenne. Pour Ipsos, des enquêtes «baromètre confidentiel - image et action du Président» ont été vendus en moyenne 70 564 euros pièce pour un record à 81 328 euros. Des prix jugés astronomiques par les connaisseurs des sondages. - Source Libération

OpinionWay et publifact

Par l’intermédiaire de ses deux sociétés, Publifact, puis Publiopinion, Patrick Buisson, conseiller opinion de Nicolas Sarkozy, s’est fourni massivement en études auprès de l’institut OpinionWay. En 2008, Buisson a ainsi facturé près d’1,1 million d’euros à l’Elysée pour 110 études.

l’IFOP : a réalisé pour l’Elysée trois études, intitulées respectivement, études sur le mouvement de grève via IFOP (facture du 10/06/2008 montant 3 588€), études et analyses sur la réforme des institutions via IFOP (facture du 27/07/2008, montant 8 372€), et enfin étude et analyse sur le retour de la France dans l’Otan via IFOP (facture du 31/03/2009, montant 4 186 €). Trois sondages réalisés par ce même institut et publiés par la presse coïncident singulièrement avec ces trois factures ... / ... " Voir détails sur le site de l'observatoire des sondages : "les sondages payés par l’Elysée et publiés par la presse "

Cette "affaire" pourrait-elle rebondir ?

En Février 2010, l'association de lutte contre la corruption Anticor n'ayant qu'une crainte : que l'affaire des sondages de l'Élysée soit peu à peu enterrée, après épuisement des combattants et des arguments. Lançait une nouvelle tentative pour qu'on continue d'en parler et pour qu'une action en justice soit ouverte. A ce titre, elle portait plainte contre X pour délit de favoritisme. - Source Rue89

Or, le 06 avril 2010, dans une quasi indifférence, on apprenait par le journal Libération l'information suivante :

Ipsos, Ifop et OpinionWay. Voilà les trois instituts de sondage choisis par l’Elysée pour ses dépenses en études d’opinion. Selon les résultats de l’appel d’offres, parus le 24 mars au Bulletin officiel des annonces des marchés publics, Ipsos emporte le «lot» «enquêtes quantitatives par téléphone de mesure de la confiance», Ifop celui des «enquêtes quantitatives et qualitatives ad hoc» et OpinionWay sera chargé des «enquêtes quantitatives en ligne de suivi de l’opinion ... /... "

Alors, on efface tout et ... on recommence ?

08 avril 2010

Evaluation en milieu de travail : Voyage au pays des tests gratuits de chômeurs !

Est-il possible et légal pour une entreprise de tester gratuitement les capacités d'un chômeur ?

La majorité des gens répondront : "Non, c'est illégal !" Et pourtant, il semble que ce soit bien légal et surtout ... proposé par Pôle Emploi.

En effet, cette possibilité existe depuis pas mal de temps si l'on en croit Le Figaro qui explique que : "Le service public pour l'emploi ne l'a pas crié sur les toits mais ses agents proposent depuis près de deux ans à ses «clients» (entreprises et chômeurs) deux dispositifs qui ont concerné plus de 110 000 personnes en 2009 : l'évaluation en milieu de travail préalable au recrutement (EMTPR) et l'évaluation en milieu de travail (EMT)... / ... "

Et le Figaro d'ajouter : " le chômeur conserve son statut de demandeur d'emploi, il n'est ni rémunéré ni dédommagé pour le travail effectué "

Une période d'essai qui ne dit pas son nom en quelque sorte ?

Et pourtant, toujours en recherche de plus de flexibilité et de sécurité lorsqu'elle veulent recruter, les entreprises ont obtenu, dans le cadre la loi de modernisation du travail ,votée le 12 juin 2008 de pouvoir allonger la durée de la période d'essai.

Ainsi : " au terme de l’article L. 1221-19 du Code du travail, le contrat de travail à durée indéterminée peut comporter une période d’essai dont la durée maximale est de :

deux mois pour les ouvriers et les employés ;
trois mois pour les agents de maîtrise et les techniciens ;
quatre mois pour les cadres

La période d’essai peut être renouvelée une fois si un accord de branche étendu le prévoit. ... / ... La durée de la période d’essai, renouvellement compris, ne peut pas dépasser :

quatre mois pour les ouvriers et employés
six mois pour les agents de maîtrise et techniciens
huit mois pour les cadres.
Source Ministère du Travail et Net iris

Alors, d'où sortent ces "évaluation en milieu de travail préalable au recrutement" et "évaluation en milieu de travail" ?

Elles sont décrites sur le site de pôle emploi dans les termes suivants

" ... / ... Vous avez déposé une offre d’emploi auprès de Pôle emploi et voulez vous assurer que le candidat choisi possède toutes les compétences nécessaires au poste proposé ? L’évaluation en milieu de travail préalable au recrutement (EMTPR) est une prestation proposée par Pôle emploi aux recruteurs.

L’évaluation en milieu de travail préalable au recrutement vous permet de tester un candidat en situation réelle de travail dans votre entreprise. La durée de cette évaluation peut aller jusqu’à 40 heures sur 5 jours. Un tuteur, collaborateur de l’entreprise, sera chargé de vérifier ses compétences en lui confiant des tâches à réaliser. Le bénéficiaire conserve son statut de demandeur d’emploi et Pôle emploi assure sa protection sociale. Il n’est pas salarié de l’entreprise ... / ... "

On pouvait en prendre également connaissance dans un passage du livre "Confessions d'une taupe à Pôle emploi" paru en 2010 dans lequel on pouvait lire :

" ... / ... Il s'agit d'un dispositif, "l'évaluation en milieu de travail" (EMT), qui permet à un employeur de tester pendant dix jours un demandeur d'emploi avant de l'embaucher. "Aucun coût pour l'entreprise, elle ne verse pas de rémunération au chômeur qui continue de percevoir ses prestations, explique l'auteur ... /... A l'issue de cette pré-période d'essai, "le supposé embaucheur peut évidemment en rester là. Le candidat, lui, aura travaillé pour le même prix que son chômage, dans les mêmes conditions matérielles que ses très provisoires collègues, et souvent engagé des frais de garde d'enfants, de transports ou de restauration." L'entreprise, elle, peut recommencer, .../ ... "


Pôle emploi s'en cache t-il vraiment ?

Non puisqu'il en parle sur son site et puisqu'il en faisait il y a peu la promotion sur le site de l'opération : "1 semaine pour un emploi" en 2009

" ... / ... prenez rapidement contact avec votre conseiller une fois le candidat sélectionné. Ensemble, vous construisez le contenu de l’EMTPR ... / ... Après l’évaluation : L’entreprise fait un bilan de l’EMTPR avec son conseiller Pôle Emploi ... / ... l’évaluation est satisfaisante et le candidat est embauché. le candidat est intéressant mais a quelques lacunes pour occuper le poste offert : dans ce cas, le conseiller Pôle emploi peut vous proposer de mettre en place une action de formation préalable au recrutement. l’EMTPR n’est pas concluante. Dans ce cas, le conseiller analyse avec vous les difficultés rencontrées, afin de vous proposer d’autres solutions "

"depuis près de deux ans " dit le Figaro. Pourtant, ces contrats existent depuis bien plus longtemps, puisque dans un article du 18 novembre 2003 AC! écrivait

L’EMT est un dispositif inconnu du Code du Travail. Sous prétexte de « vérifier les compétences et capacités professionnelles » des demandeurs d’emploi et pour remplir ses objectifs en matière de rendement, l’ANPE met des chômeurs à la disposition des entreprises.

* Gain pour le chômeur : 0 euro.
* Coût pour le chômeur : frais de transport, frais de garde d’enfants, frais de restauration...
* Gain pour l’employeur : le salaire + le coût de cette « prestation » versé par l’ANPE
* Durée : jusqu’à 70h par chômeur.(2 semaines à temps plein) .. /... "

Quelle est l'efficacité de cette "évaluation période d'essai" ?

Selon Le Figaro : " La part des demandeurs d'emploi finalement embauchés n'est pas mesurée par Pôle emploi"

Selon un salarié chômeur, dont le témoignage a été recueillit par le journal l'Union Presse, on peut réellement se poser des questions !

17 septembre 2009 - L'Union Presse

" Chauffeur de poids lourd, Franck Habart est demandeur d'emploi depuis un an. Début août, il est donc plutôt content quand sa conseillère du Pôle Emploi lui dit avoir trouvé une offre susceptible de l'intéresser. « J'ai été surpris. Il s'agissait d'un poste de chef d'exploitation ... / ... Pas franchement le profil pour moi.

Début septembre, Franck effectue un stage. Mais il se rend vite compte que le travail qu'on lui demande est celui d'un manutentionnaire. ... / ... Il interroge la conseillère, puis le chef d'entreprise. Au bout de quatre jours, celui-ci indique à Richard qu'il ne donnera pas suite à cet essai ... / ... Cet essai a été réalisé dans le cadre d'une EMT (évaluation en milieu de travail). A priori pas censée déboucher sur une embauche. ... / ... Les conseillers du Pôle Emploi ont joué les étonnés... / ... Surtout que depuis, Richard a appris que le Pôle Emploi n'avait jamais recensé d'offre d'emploi concernant un « chef d'exploitation ». Gêné aux entournures, depuis, le chef d'entreprise aurait promis de payer ce demandeur d'emploi devenu l'exemple type d'une main-d'œuvre bon marché ... / ... "

Du côté des syndicats, on est assez radical sur le sujet : " Cela revient plus à offrir aux employeurs une période d'essai gratuite, non décomptée en cas d'embauche, que de mettre le pied à l'étrier aux chômeurs ", rétorque Rubens Bardaji, de la CGT Pôle emploi, qui dénonce l'absence de chiffres au niveau national pour juger de l'efficacité de la mesure. "Les conventions signées avec l'entreprise sont bidons et n'engagent à rien, complète-t-il. Ce n'est que du travail gratuit" - Source Le Figaro

Alors, vous voyez : il est possible et légal pour une entreprise de tester gratuitement les capacités d'un chômeur ! ... En toute quiétude !

Crédit image et photo
Rue89
Charb

07 avril 2010

Le bouclier fiscal ne séduit pas les exilés fiscaux mais fait le bonheur des rentiers !

Le bouclier fiscal à 50% était avec le pouvoir d'achat et les heures supplémentaires (travail plus pour gagner plus) les trois thèmes emblématiques du candidat devenu Président de la République.

En ce qui concerne le pouvoir d'achat, plus personne ne se fait la moindre illusion et le chômage massif ayant rendu le concept du "travailler plus" fortement incongru, il ne reste plus que le bouclier fiscal !

Seulement, le bouclier fiscal n'est plus à la mode au Nouveau Centre et chez un certain nombre d'élus UMP qui demandent des modifications significatives ou même son abrogation.

Néanmoins, il reste quelques irréductibles pour défendre cette mesure emblématique du Président

Selon Dominique Paillé, le co porte parole de l'UMP : "Certains élus de la majorité présidentielle " ont manqué de sang froid à l'issue des élections régionales" sur le bouclier fiscal et de rappeler : "Combien cette mesure a est bénéfique pour les finances françaises" Pour ce faire, il nous cite une "étude" (laquelle ?) : " qui a calculé que sur les 10 années précédant la mise en place de ce bouclier notamment à 50 % de 1997 à 2007 le total de l'expatriation fiscale a concerné 300 milliards d'euros soit un manque à gagner de 30 milliards d'euros par an pour les caisses de l'état"


Bouclier fiscal, une mesure bénéfique pour la France
envoyé par ump. - L'actualité du moment en vidéo.


" En 2007 nous avons mis fin à cette hémoragie et depuis ce qui coûte 500 millions d'euros rapporte environ 20 à 25 milliards ! " Affirme Dominique Paillé

Ce bel enthousiasme est douché, comme l'explique Le Figaro par : " les données communiquées hier par le ministre du Budget, François Baroin, lors de son audition à la commission des finances de l'Assemblée, données également fournies au Sénat. Cette année-là, 821 redevables à l'ISF ont quitté la France. C'est 14 % de plus qu'en 2007, où ils étaient 719 à s'être installés hors de l'Hexagone. Le bouclier version 2008 était pourtant plus avantageux que celui de 2007, avec un seuil de déclenchement à 50 % des revenus (au lieu de 60 %) et la prise en compte de la CSG et de la CRDS dans son calcul ... / ...

Selon Le Figaro : " ... / ... les rapatriés fiscaux sont, eux, en hausse : 312 exilés sont revenus en France en 2008, contre 246 en 2007 et 226 en 2006 ". Chifres contestables puisqu'on peut lire dans une interview de Jérôme Cahuzac le président de la Commission des Finances à l'Assemblée nationale (qui a auditionné le Ministre) que : " ... / ... François Baroin a reconnu lui-même qu'il lui était difficile de donner un chiffre ... / ... " et d'ajouter : " Il est ressorti clairement que le « bouclier fiscal » ne protège pas les revenus du travail mais qu'il protège les revenus du patrimoine et de la rente. Il s'avère aussi que 99 % du bouclier fiscal reviennent à des contribuables éligibles à l'ISF. "

Mais alors, pourquoi Bercy annonce t-il que le nombre de demandeur du bouclier fiscal est inférieur à ses prévisions ?

François Baroin a précisé que « les chiffres définitifs, ce sera en juillet. Ce sera de l'ordre d'à peu près 20 000 personnes, pour 650 à 700 millions d'euros ».

Première explication à cette maigre récolte : les contribuables qui minorent leur patrimoine immobilier préfèrent ne pas attirer l'attention du fisc en lui réclamant un chèque… Résultat, sur les 539 000 redevables à l'ISF en France, seuls 7 675 ont actionné le bouclier en 2009.

Autre explication : les ménages aux faibles revenus, qui pourtant peuvent être éligibles au bouclier s'ils sont propriétaires (du fait des taxes foncières), ne se sentent pas concernés. À peine 8 675 foyers ne payant pas l'ISF ont bénéficié du bouclier en 2009 ... / ... Les quelque 1 055 contribuables avec un patrimoine de plus de 16 millions d'euros ont reçu un chèque de 363 872 euros, à comparer aux 565 euros reçus par ceux qui ne payent pas l'ISF ... / ... " - Source Le Figaro

Alors, faut-il comme l'explique le président de l'Alliance centriste Jean Arthuis appeler à : " .... / ... une abrogation simultanée de ces deux dispositifs (boucier + ISF) « L'objectif est de donner plus de progressivité à l'impôt en instaurant une tranche supplémentaire à 45% pour plus de justice fiscale et sociale ... / ... " - Source Public Sénat

Oui, mais l'ISF c'est : 1 Milliard d'impôts : telle est la somme que versent à l'État ceux qui payent l'ISF. C'est ce qu'a déclaré hier François Baroin, ministre du Budget.

Et pour compenser le manque à gagner, il faudrait faire un sort aux fameuses niches fiscales. Et là il y a matière puisque : " Il existe 468 niches fiscales qui autorisent des réductions d'impôts dans les secteurs les plus variés. Elles constitueront pour l'État un manque à gagner d'environ 75 milliards d'euros en 2010 " - Source La Dépêche

Problème : Un grand nombre de bénéficiaires de ces niches sont une partie importante de l'électorat de l'UMP et après la déroute des régionales, est-il "raisonnable" d'envoyer un signe négatif à ces électeurs ?

C'est un peu ce que François Fillon et François Baroin ont fait savoir aux députés et sénateurs du Nouveau Centre : " ... / ... Lorsqu'ils ont réitéré leur proposition de supprimer à la fois le bouclier fiscal et l'ISF et de remplacer le tout par la création d'une nouvelle tranche de l'impôt sur le revenu, le Premier ministre les a prévenus que « le grand soir de la fiscalité n'est pas pour tout de suite ». Il a, semble-t-il, été plus ouvert sur la proposition du député Nouveau Centre Charles de Courson d'effectuer un « coup de rabot » sur toutes les niches fiscales. « J'ai compris qu'il était favorable à cette orientation », souligne l'élu de la Marne ... / ... A Matignon, on assure que François Fillon n'a pas été si précis. Le ministre du Budget François Baroin préfère un examen des niches « au cas par cas » considérant le « coup de rabot » général comme « une facilité "- Source Les Echos

En clair : Prudence est mère de sûreté !

Néanmoins, ceux qui souffrent le plus, auront une satisfaction. Celle d'être mis sur un pied d'égalité avec les plus aisés par "notre ami" Frédéric Lefebvre, qui a déclaré : " Le bouclier fiscal autant que le RSA (Revenu de Solidarité active) symbolisent la réhabilitation de la valeur travail, car l'une comme l'autre de ces mesures permettent que le travail paie dans ce pays" - Le Figaro

Sans commentaire !

Crédit dessin
Petillon
Hub




06 avril 2010

Les politiques sont : "attristés, mais pas surpris" de l'image qu'ils ont auprès des français !

Les partis, formations politiques et notamment leurs représentants sont, selon une étude publiée par 20Minutes : "attristés, mais pas surpris" d'apprendre l'image qu'ils ont auprès des français !

Que dit cette étude, lancée après les taux d'abstentions records qui se succèdent d'une élection à l'autre : " Ils sont "coupés de la vraie vie, pensent «surtout à leur carrière» et ne «connaissent pas les préoccupations des Français». ... / ... Les Français sont en effet 76,3% à faire preuve de méfiance vis-à-vis d'eux. Près d'un électeur sur deux (48,3 %) avoue même n'avoir confiance en «aucun homme politique», quelle que soit sa couleur ... / ... "

La politique, vous savez ce monde peuplé de gens qui n'ont : "d'autre ambition que de servir leur : pays, région, circonscription ... "

Coluche que nous aimons souvent à citer n'avait pas de mots assez durs pour juger la politique et ceux qui en font un métier. Il les brocardait, d'ailleurs, dans son sketch : La politique



A la lecture des premières lignes de cet article, beaucoup d'élus, de permanents et (un peu moins) de militants vont se mettre à hurler à l'anti parlementarisme, à la démagogie, au populisme sans se poser la seule question qui vaille :

Mais à quoi servent les élus s'il ne peuvent rien contre le chômage, la précarité et la misère ?


Que dit l'étude publiée par 20Minutes

" ... / ... Qu'elle soit de gauche ou de droite – voire d'extrême droite –, la classe politique française a plus été attristée que surprise par les résultats du sondage Obea-InfraForces pour 20 Minutes. «Aujourd'hui, on s'attache aux problèmes de quelques petites personnes plutôt qu'aux débats d'idées, tente d'expliquer Bruno Gollnisch, vice-président exécutif du Front national. Mais l'immense majorité des hommes politiques sont honnêtes. Et les Français sont hypocrites. Ils devraient arrêter de réélire les mêmes personnes s'ils n'ont vraiment pas confiance en elles…» Porte-parole de l'UMP, Dominique Paillé est encore plus dur envers les électeurs. «La classe politique ne mérite pas ce jugement. Si les Français savaient le métier de chien que l'on fait, ils changeraient de jugement! "

Métier de chien ? Au moins, on a de l'humour à l'UMP !

En tous cas, certainement moins que caissière, ouvrier d'usine, plongeur dans un restaurant, ...

Pour l'exemple, prenons l'Assemblée Nationale dont monsieur Paillé fut l'un des députés. Quelle est la situation de ce "métier de chien" ?

L'indemnité parlementaire et la situation matérielle des députés - Source Assemblée Nationale

Indemnité de base : 5 487,25 €
Indemnité de résidence (3 %) : 164,62 €
Indemnité de fonction (25 % du total) : 1 412,97 €
Soit brut mensuel : 7 064,84 €

Frais de secrétariat et de mandat : 5 884,91 €. (frais de voiture, de loyer pour la permanence, frais de réception, d'habillement, de transport, etc)

Déplacements sur l'ensemble du territoire national

Par voie ferroviaire : une carte nominative qui permet l'accès gratuit à l'ensemble du réseau SNCF en 1ère classe

Déplacements aériens :
L'Assemblée nationale prend en charge chaque année s'agissant des députés métropolitains :
- quarante voyages aller et retour entre Paris et la circonscription lorsqu'elle est desservie par une ligne aérienne régulière
- six voyages aller et retour en France métropolitaine, hors circonscription

Restauration : Deux restaurants sont à la disposition des députés. L'un leur est strictement réservé, l'autre leur permet de recevoir des invités.

Logement : L'Assemblée nationale attribue des prêts pour l'acquisition d'un logement ou d'un local à usage de bureau ou de permanence, soit à Paris, soit dans la circonscription. Le montant moyen des prêts consentis aux députés, d'une durée de 10 ans à 2 %, s'élève à 76 225 €.

Téléphone et télécopieur : Les communications passées à partir du poste téléphonique installé dans le bureau des députés, au Palais Bourbon, sont prises en charge par l'Assemblée nationale. Les messages transmis par télécopies sont également pris en charge. Les députés peuvent aussi bénéficier, sur demande, d'un forfait global de communication qui permet de prendre en charge, dans la limite du forfait téléphonique parlementaire, les frais relatifs à cinq lignes téléphoniques (fixes ou mobiles) et un abonnement d’accès à Internet, ou à quatre lignes téléphoniques et deux abonnements d’accès à Internet.

Courrier : Les correspondances de nature parlementaire, c'est-à-dire écrites par un député pour l'accomplissement de son mandat législatif, sont affranchies aux frais de l'Assemblée nationale.

Pensions : .. / ... Les pensions sont calculées d'après le nombre d'annuités de cotisations, étant observé que la durée moyenne du mandat est d'environ 7 ans. A partir du prochain renouvellement, les députés ne pourront plus cotiser simultanément à un autre régime de retraite dès lors qu’ils n’exercent pas d’activité relevant de ce régime, et donc ils ne pourront plus acquérir de droits à retraite dans deux régimes différents pour la même période de cotisation.

Le droit à pension est ouvert seulement à l'âge de 60 ans, et en pratique, la possibilité de bénéficier d’une pension anticipée moyennant une décote ayant été supprimée, l'âge moyen auquel les députés font liquider leur pension est de 63 ans. La pension est calculée dans la limite d'un plafond de 40 annuités. Lorsqu'un député atteint ce plafond, il continue à cotiser sans pour autant acquérir de droits à majoration de pension, à la différence de ce qui est prévu dans la fonction publique. La pension moyenne pour un député est d'environ 2 400 € net par mois.

Allocation d'aide au retour à l'emploi

L'allocation d'aide au retour à l'emploi (AARE), est un dispositif spécifique d'assurance chômage à l'instar de ce qui existe pour les salariés du secteur privé, les députés ne relevant pas, en effet, du régime des Assedic. Un député non réélu touche pendant 60 mois de son indemnité mensuelle nette.

Il va s'en dire que cette « indemnité chômage » est totalement inconditionnelle, et le bénéficiaire n'est tenu à aucun engagement tels : justifier de la recherche d'un nouvel emploi, d'une visite mensuelle auprès d'un conseiller Pôle emploi ou d'une activité justifiant cette indemnité.

Et pourtant, pour Vincent Peillon : " ce sont surtout les élus qui devraient changer d'attitude. «On a souvent l'impression d'avoir des girouettes, témoigne le député européen PS. En ce moment, la droite critique le bouclier fiscal. Mais elle l'a voté il y a deux ans… Tout ça ne donne pas beaucoup de crédibilité à la classe politique "

... / ... pour Marielle de Sarnez, du MoDem. «Les simples discours ne passent plus, nous dit-elle pour expliquer notamment le taux d'abstention. On s'en est rendu compte pendant les régionales. Les gens ne comprennent même plus le sens des mots.» Et Vincent Peillon d'ajouter : "Pourtant, la solution est simple: «Les Français n'ont qu'à aller voter! Leur choix passe avant tout par le bulletin de vote», conclut Vincent Peillon. - Source 20Minutes

Le choix ?

Oui mais au travers d'investitures organisées par les partis ou formations auxquels appartiennent les candidats ! Et ce qui froisse de plus en plus de français, c'est le nombre de compromis ou de compromissions nécessaires afin de devenir le candidat soutenu par son parti politique.

On se doit, bien entendu, de rajouter à celà le coût exorbitant d'une campagne électorale et le fonctionnement du parti ou de la formation politique (dont le montant est sous certaines conditions prise en charge par les contribuables).

Ainsi, en ce qui concerne le parlement européen (élection à forte abstention)

" L'article 191 du traité instituant la Communauté européenne indique que les partis politiques au niveau européen sont importants en tant que facteur d'intégration au sein de l'Union et qu'ils contribuent à la formation d'une conscience européenne et à l'expression de la volonté politique des citoyens de l'Union. Dans ce contexte, le règlement (CE) n o 2004/2003 du Parlement européen et du Conseil du 4 novembre 2003 définit les règles relatives au statut et au financement des partis politiques au niveau européen.

Ce règlement prévoit en particulier une contribution financière annuelle du Parlement européen, sous forme de subvention de fonctionnement, aux partis politiques qui en font la demande et qui respectent les conditions fixées par ce règlement ... / ... Le budget prévu pour l'exercice 2010 s'élève à un montant total de 11 075 000 EUR ... / ... " Source CG des bouches du Rhône

Voir aussi : "L’élection des représentants au Parlement européen (6 et 7 juin 2009)" sur le site du CNCCFP (Commission chargée du contrôle et de la publication des comptes annuels des partis politique, et des comptes de campagne)

Pour ceux qui l'auraient oublié : Les partis politiques français ont dépensé 177 millions d'euros en 2008 comme nous l'écrivions le 21 décembre 2009 sur Slovar les Nouvelles

Pour en revenir à l'étude Obea-InfraForces pour «20 Minutes» et France Info sur l'image des politiques. Quelles sont les principaux reproches fait par les français à leurs élus

" ... / ... Il y a un réel fossé entre ce que vivent les Français et ce que vivent les hommes politiques…» Européens ou non, les députés sont aussi particulièrement dans le viseur des Français. En fait, les élus locaux – conseillers généraux, régionaux et surtout maires, ces derniers recueillant 64,2% d'opinions favorables – sont les seuls à tirer leur épingle du jeu.

Et le célébrissime compère de Frédéric Lefebvre de déclarer : "C'est normal ... / ... Si votre trottoir est défoncé, le maire va le réparer … Les politiques nationales sont moins lisibles pour la majorité des électeurs"

Moins lisibles ? Attention à ne pas trop abuser de l'humour Monsieur Paillé ! Car les français, eux, n'en ont plus vraiment en ce qui concerne l'action des politiques ; " ... / ... Ainsi, 86,2% des sondés pensent que les hommes politiques se «préoccupent surtout de leur carrière». C'est le syndrome de la tour d'ivoire: les élus sont «coupés de la vraie vie» pour 67% des sondés, «connaissent les préoccupations des Français» pour 24,7% et ont «une vision d'avenir» pour seulement 40,7% .. / ... " - Source 20Minutes

En fin de compte, une "profession de chien", bien à l'abri de la mondialisation et de son cortège de licenciements, de délocalisations, .... mais qui dépense des sommes folles dans la communication alors qu'elle requiert toujours plus d'efforts à tous les français !

Une profession qui sait avant tout nous parler de "réformes" négatives et "d'adaptations nécessaires" qui doivent nous mener à une "plus grande flexibilité "et à "travailler plus longtemps" dans un monde où le travail manquera de plus en plus !

Et ça : "ça ne donne pas beaucoup de crédibilité à la classe politique" !