02 avril 2010

Troubles musculo-squelettiques : Le gouvernement se réfugie dans la communication !

Le très "primesautier" et nouveau ministre du Travail, Eric Woerth n'y va pas par quatre chemins : Il a décidé de régler leur compte aux Troubles musculo-squelettiques dus aux conditions de travail !

Et de quelle façon ?

Au travers d'une campagne de communication : "Articulé autour de messages dans la presse professionnelle et de spots radio, la nouvelle campagne montre notamment un poing qui écrase avec assurance le mot "tendinite", ou les mains d'une femme qui brisent le mot "lombalgie" ... / ... "

" Yes we can " ou plutôt " Mettre fin aux troubles musculo-squelettiques dans votre entreprise, c’est possible" écrit avec humour le site Santelog à propos de la nouvelle campagne lancée à partir du 19 avril prochain pour mobiliser les entreprises et les salariés dans la lutte contre les TMS ... / ... "

Campagne de communication ?

Mais pourquoi le gouvernement si avide de "réformes" et toujours prompt à expliquer aux français que : " le coût de la santé est trop élevé" ne légifère pas pour éradiquer ce fléau ?

Fléau qui coûte, selon Eric Woerth : "787 millions d'euros" à l'assurance maladie, et "près de 8,5 millions de journées perdues" pour les entreprises" ?

Car comme le signale la FNATH : " ... / ... les TMS illustrent aussi parfaitement, outre l’importance de la sous-déclaration des maladies professionnelles, l’inadaptation du système de réparation des accidents du travail et des maladies professionnelles. En effet, les TMS ne sont pas toujours déclarés par les travailleurs concernés et ne sont donc pas indemnisés dans le cadre de la réparation des accidents du travail et des maladies professionnelles (ATMP), mais ils sont souvent pris en charge par l’assurance maladie. Cela conduit à alourdir le déficit de l’assurance maladie pour des frais qui devraient être en fait relever de la branche ATMP ... / ... "

Très probablement parce qu'il imagine la levée de boucliers des organisations patronales qui s'ensuivrait ...

Dans l'immédiat, comme l'écrit très prudemment le Ministère du Travail sur son site dédié à cette campagne de communication, elle : " nécessite une implication forte et durable des entreprises, et des représentants des salariés et membres du Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail " et de préciser : " ... / ... l’ objectif est de soutenir et d’accélérer les démarches engagées par les entreprises dans la lutte contre les troubles musculo-squelettiques. .. / ... " - Source Santelog

Il est toutefois à noter que : dans les entreprises de moins de 50 personnes, la loi n'oblige à aucun comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail ou et dans celles de moins de 11 salariés à aucun représentant (voir le site TPE/PME)

Que dit le ministre de cette campagne ?

" ... / ... Ne plus pouvoir se servir d'un clavier" ou "utiliser une brosse ou un tournevis", c'est ce qui arrivent à certains salariés touchés par ces pathologies, qui se traduisent par des douleurs et une gêne fonctionnelle, qui peut "conduire à ne plus pouvoir travailler", a expliqué jeudi le ministre du travail Eric Woerth, lors d'une conférence de presse. "Premier cas de maladies professionnelles en France, le nombre de TMS augmentent de 18% par an depuis 10 ans" a précisé M. Woerth, évoquant une "sorte d'épidémie". Il souhaite, d'ici quatre à cinq ans "stabiliser" ce nombre et réduire de 25% le nombre d'accidents du travail.

Les TMS les plus courants sont le syndrome du canal carpien, qui touche le poignet, les tendinites de l'épaule et du coude, les lombalgies. Ils touchent tous les secteurs d'activité mais notamment l'agroalimentaire, le commerce, le BTP, les services à la personne. "Signes d'une forme d'usure physique au travail", selon le ministre, ces TMS sont liés à des gestes répétitifs à cadence élevée, des charges lourdes, des vibrations ou du matériel défaillant, combinés à une organisation du travail inadaptée et du stress ... / ... "- Source AFP/Google

Sur le site "Travailler mieux - La santé et la sécurité au travail", on trouve des liens concernant les entreprises et les salariés. Le ministère a choisit quelques métiers pour illustrer sa campagne. Notamment : Le Bâtiment.

Vous êtes Chef d’entreprise dans le BTP : testez votre entreprise, prenez connaissance des conseils de l’OPPBTP et des services interentreprises, téléchargez la brochure et les affiches TMS.

Si de ce côté, on se veut plus pédagogue sans mettre en cause certaines pratiques d'employeurs :

Au coût humain très important - souffrance physique, risques d’inaptitude professionnelle, atteinte à l’image de soi, dégradation de la vie privée -, il faut ajouter un coût économique élevé pour l’entreprise.
Les TMS fragilisent votre entreprise
En plus du coût direct de la réparation et l’impact sur le taux de cotisation de l’entreprise, il faut tenir compte du coût indirect lié aux dysfonctionnements induits par les TMS : difficultés de reclassement des salariés atteints, charges dues au remplacement des absents, perturbations de l’organisation du travail...
La prévention peut faire régresser les TMS
L’expérience montre qu’une prise en charge précoce permet de limiter l’aggravation des pathologies et de prévenir l’apparition de situations irréversibles.

Du côté des salariés, on laisse entendre qu'ils pourraient contribuer à diminuer leurs TMS en ayant un comportement ... plus responsable au travail !

Vous êtes salariés du BTP : ce que vous devez savoir, à faire ou ne pas faire, comment agir, téléchargez le livret conseils et les affiches TMS.

Quelques gestes adaptés et bonnes pratiques pour prévenir les risques de TMS

Les 4 commandements de base

1. Faites des micro pauses de récupération
N’attendez pas que la fatigue s’installe et entraîne une gêne fonctionnelle. Pensez à faire de courtes phases de repos. Elles suffisent pour permettre la récupération musculaire.

2. Portez vos équipements de protection individuelle
Chaussures et gants adaptés, vêtement intégrant une protection des genoux … Ils vous protègent contre certains risques de votre métier et peuvent atténuer les facteurs de risque aggravants de TMS : froid, vibrations, chocs…

3. Verrouillez vos lombaires
Lors de l’effort, rentrer le ventre et contracter les muscles abdominaux verrouille les lombaires et assure une protection des disques. Les autres articulations (hanches, genoux) se mobilisent pour effectuer le mouvement souhaité.

4. Optez pour des outils et équipements atténuant les vibrations
Les vibrations des outils manuels et engins qui se propagent dans les mains et le bras ou tout le corps sont un facteur aggravant des TMS. Optez pour des gants, des outils anti-vibratiles, un siège d’engin dont les suspensions minimisent les vibrations…

Brochures de sensibilisation - Le BTP conseils au salariés

Il est clair que tous ceux qui travaillent vont rire jaune en lisant les lignes précédentes !

Dans quel monde, les rédacteurs de ces lignes vivent-ils ? et où ont-ils vus que le salarié peut opter de son propre chef pour : "pour des outils et équipements atténuant les vibrations" et qu'il a le temps de penser à "Verrouiller ses lombaires" lorsque le chantier est en retard et que l'entreprise risque des pénalités ?

Bien entendu, ne pas oublier les salariés du commerce ou de l'agro alimentaire qui pourraient décréter unilatéralement une petite pause "gymnique" afin de ne pas être responsables de : "8,5 millions de journées perdues pour les entreprises" ...

Le Ministre pourra t-il continuer de se contenter de campagnes de communication incitatives ?

Selon la FNATH, il semble que non !

En effet, La FNATH " vient d’obtenir une jurisprudence relativement rare, mais qu’elle souhaite développer autant que possible afin d’améliorer par la voie des tribunaux l’indemnisation des victimes de TMS, puisque le gouvernement refuse jusqu’à présente de le faire par voie législative.

... / ... notre adhérent travaillait depuis 1986 en qualité de magasinier, sa fonction consistant à préparer des commandes en attrapant plusieurs cintres, situés sur un rail à 1,70 mètre de hauteur, pour ensuite les placer dans une caisse-penderie formant un colis. Il travaillait donc les bras en l’air.

L’employeur avait volontairement ignoré les réclamations insistantes à la fois de son salarié mais aussi du médecin du travail sur la dangerosité des conditions de travail du fait du positionnement des cintres à emballer ... / ... La cour d’appel de Grenoble a reconnu dans un arrêt du 9 février 2010 la faute inexcusable de l’employeur, qui n’a pas pris les mesures nécessaires pour protéger la santé et la sécurité du salarié. ... / ... " - Source FNATH

Reste à savoir si l'inflexible Ministre du Budget devenu celui du Travail montrera autant de détermination à résoudre cette "sorte d'épidémie" qu'il en a déployé pour nous expliquer les caisses vides et son "budget de reprise" !

Mon petit doigt me dit que c'est loin d'être gagné pour ceux qui sont les victimes de l'épidémie !

Crédit photo
Ministère du Travail
Bibliographie amusante
Voir la campagne VIDEO (très naïve) de L'UE sur les TMS

01 avril 2010

Chômeurs en fins de droits : Où sont les millions d'Euros promis pour fin mars par Laurent Wauquiez ?

On allait voir ce qu'on allait voir ! Une solution était annoncée pour les chômeurs en fin de droits à l'assurance-chômage pour "fin mars", claironnait Laurent Wauquiez !

Et aujourd'hui 1 er Avril, ils seront beaucoup ce matin a constater avec amertume que rien ne s'est passé !

Mais que pèsent 360 000 chômeurs promis à la plus grande précarité face à l'angoisse d'élus UMP terrorisés à l'idée de perdre leur sièges et prérogatives en 2012 ?

Et oui, la très large victoire de la gauche aux régionales et surtout le retour du vote Front National ont semé la panique dans les rangs de l'UMP au point de mettre en cause les "grandes réformes" du Président Sarkozy !

Nicolas Sarkozy qui après s'être essayé, une fois de plus dans son rôle préféré de "Président de l'Europe" auprès de Barak Obama est revenu en France pour calmer le jeu. Et qu'à dit celui qui a déclaré après le résulat des élections : "Mon devoir est d'entendre le message des Français"

Et bien : " Soyez tenaces et ne touchez pas au bouclier fiscal ! "

Alors que 67% des Français contestent le dit bouclier : 39% réclament sa suppression définitive et 28% sa suspension, selon un sondage CSA paru dans Le Parisien

Néanmoins, le Président a ajouté : « Je me réserve le droit de demander un petit effort aux Français (sous entendu un petit effort fiscal), cela pourrait se faire au moment de la réforme des retraites (…) et cette fois, ce sera notre terrain, nos conditions et notre calendrier… »

A rapprocher de : "Pas moins de 70 % des personnes interrogées par BVA pour « Les Echos », France Info et Absoluce considèrent « mauvaise » la politique économique du gouvernement. Un record depuis le début du quinquennat" - Source Les Echos

La défaite électorale ? « Je ne suis pas autiste (…). Pourquoi on a perdu ? Pouvait-on gagner avec un mode de scrutin à deux tours avec des triangulaires ? Non. Avec un scrutin à un tour on aurait gagné huit à dix régions. Oui, on a commis des erreurs et je prends ma part. Je reconnais ma responsabilité et celle de mon gouvernement. Pourtant, nous n’avons pas terminé les réformes, nous n’en sommes qu’à mi-chemin. » - Source Le Parisien

En clair : si nous avions pu disposer du mode de scutin des conseillers territoriaux, qui comme l'expliquait Alain Marleix : " .. / .. repose à la fois sur un scrutin majoritaire à un tour ... / ... et une dose de proportionnelle qui permet la représentation à la fois de la diversité politique et de la parité" nous aurions pu montrer que les français nous adorent !

A part cette "brillante" réthorique politicienne dans ce qu'elle a de plus vil, pas un mot pour ceux qui vont perdre leur emploi ou sont déja au chômage ! Alors, vous pensez, ceux qui vont cette année mois après mois se retrouver sans AUCUN REVENU ...

Car il y ce qu'on veut bien dire au bon peuple, comme le 24 mars : " Nicolas Sarkozy n'a fait qu'une furtive allusion à leur première préoccupation : le chômage. "Nous avons fait le choix de ne laisser personne sur le bord de la route"

Et ce qu'on omet de dire : "En février, l'augmentation en rythme annuel s'élève à 12,8 %. Les reprises d'emploi ont baissé de 3,2 %, signe d'un marché du travail atone. Le nombre de chômeurs de longue durée - inscrits à Pôle emploi depuis plus d'un an - s'est accru de 300 000 en un an (+ 30,4 %) : indice inquiétant au moment où l'avenir de ceux qui vont se retrouver en 2010 en fin de droits reste désespérément dans l'impasse " écrivait Le Monde

Pas un mot non plus sur le volet "heures supplémentaires" de la loi TEPA qui selon LO : " ... / ... coûte très cher au budget de l'État : 4 milliards d'euros par an, selon les chiffres du gouvernement lui-même. Elle profite également aux patrons en leur permettant de substituer aux augmentations de salaire la possibilité de « faire des heures ». Si cette loi a rencontré un certain succès auprès des patrons, le recours aux heures supplémentaires s'est fait au dépens de l'emploi, puisque les patrons peuvent faire face à un surcroît de travail sans embaucher. Ainsi, même si le phénomène est un peu en recul, les 676 millions d'heures effectuées en 2009 représentent encore l'équivalent de 433 000 emplois à plein temps ! ... / ... "

La seule réponse est venue de Laurent Wauquiez hier au Sénat : "Le gouvernement exclut de toucher, même un peu, aux allègements de cotisations patronales, qui ne sont pas des "cadeaux faits aux entreprises" mais l'outil "le plus efficace" de la politique de l'emploi ... / ... Le coût des allègements pour l'Etat s'élève à "21 milliards d'euros aujourd'hui ... / ... " et de lancer comme dernier argument pour justifier l'échec du "travailler plus pour gagner plus ": " les 35 heures ont "été une des plus graves erreurs économiques des 30 dernières années" - Source AFP/Google

Que les fins de droits se rassurent puisqu'il y a 6 jours, il écrivait sur son compte Twitter visible sur Public Sénat : "jusqu'à fin de semaine : suite des réunions avec les partenaires sociaux pour définir solutions sur DE fin de droits"

Puis le lendemain il essayait, peut être, de leur faire passer un message subliminal ? : "chez les restos du coeur ce matin : remarquables ces bénévoles pas beaucoup plus à l'aise que ceux qu'ils aident, on n'en parle pas assez."


Qu'ajouter de plus ?




31 mars 2010

Crise économique et monde du travail : "Les nouveaux carnets d'un inspecteur du travail" par Gérard Filoche

L'arrivée d'un livre de Gérard Filoche est toujours un grand moment ! Surtout que celui-ci sort en pleine crise économique et de confiance des salariés dans leurs dirigeants politiques et économiques.

Et bien justement, son éditeur annonce la sortie de son deuxième opus sur la réalité du monde du travail : "Les nouveaux carnets d'un inspecteur du travail - Travailler mieux, moins, tous "

Les fidèles de Slovar les Nouvelles ont pris l'habitude de lire, assez régulièrement, des communiqués ou déclarations de Gérard Filoche que nous publions lorsqu'il nous fait le plaisir de nous les envoyer.

S'il est un militant de la gauche du Parti Socialiste, pour beaucoup de français, il reste l'inspecteur du travail qui dénonce depuis toujours les dérives de certains employeurs et surtout la "mise à sac" du code et des conditions de travail par les gouvernements de droite.

Droite qui continue, après sa raclée aux dernières élections régionales, à maintenir un cap refusé par la très grande majorité des français, à savoir : " François Fillon s’est montré doucereux mais pour annoncer la poursuite des mêmes choix, imposer le recul de l’âge de la retraite, une politique d’ultra-austérité, la démolition du Code du travail, ... /... , l’amputation des services publics ... / ... " Comme l'écrit Patrick Apel-Muller dans l'Humanité

Droite, symbolisée par son Président, qui touche un peu plus le fond en termes de popularité et voit l'ensemble de sa politique économique désavouée par 70% des français

" ... / .. Sept Français sur dix jugent "mauvaise" la politique économique du gouvernement (+7 points par rapport à février), contre 27% qui la jugent "bonne" (-5 points), selon un sondage BVA/Absoluce/Les Echos/France info publié mercredi 31 mars. Il s'agit d'un "record absolu d'impopularité" de la politique économique du gouvernement depuis l'élection de Nicolas Sarkozy, notent les sondeurs ... / ... " Source Nouvel Obs

Droite qui se divise sur la mesure emblématique du Président : Le bouclier fiscal mais garde les pieds sur terre en proposant de supprimer dans le même temps ... l'ISF !

Et enfin, droite, qui paniquée par le retour du Front National, continue d'essayer de focaliser l'attention des français sur l'interdiction du voile intégral alors, que selon les propres mots du Préssident UMP de l'Assemblée Nationale : " ... / ... Il y a des priorités plus pressantes, qui sont celles de l'emploi et du pouvoir d'achat ... /... "

Le seul problème c'est que l'emploi et le pouvoir d'achat ne dépend ni du gouvernement, ni des élus de la république mais bien des employeurs. Or, à la rubrique pouvoir d'achat il semble que beaucoup de salariés passeront devant la glace : " Pas de hausse de salaire dans une entreprise sur trois. Pouvoir d'achat et salaires seront mal orientés au premier semestre, indique l'Insee. Selon une enquête, 30 % des dirigeants français ne prévoient pas d'augmenter les salaires cette année, contre 16 % en 2009 ... / ... " Source Les Echos

Pour les chômeurs et notamment les fins de droits, on est sans nouvelle des centaines de millions promis par Laurent Wauquiez avant fin mars !

Cette ambiance permet aux responsables politiques et économiques de faire l'impasse sur les conditions de travail de ceux qui ont un emploi (même précaire) et dans certains cas de montrer du doigt ces "privilégiés" qui du haut de leur CDI narguent ceux qui n'en ont pas !

Or, ceux qui travaillent savent pertinnement que le monde du travail n'a rien à voir avec celui des bisounours et que la compétition internationale est très souvent prétexte à des emplois de "mauvaise qualité" ou à des pressions quotidiennes.

Pressions qui peuvent aller dans le "meilleur" des cas à une rupture conventionnelle et dans le pire à un harcèlement moral

Il existe peu de témoignages de salariés, surtout dans les TPE où le MEDEF et la CGPME font front pour refuser le "projet de loi sur le dialogue social dans les TPE" : " ... / ... Après l'échec, cet hiver, des négociations interprofessionnelles, la Rue de Grenelle doit rapidement présenter un projet de loi, a priori ce printemps, sur le dialogue social et la mesure de l'audience syndicale dans les TPE (moins de 10 salariés) ... / ... " - Source Les Echos

Car la situation de relation quasi fusionnelle entre patrons et salariés des TPE que nous présentent trop souvent les medias n'est parfois qu'un décor !

" ... / ... Exemple avec Malika, employée d’une publication spécialisée parisienne qui compte six salariés. « Cela fait dix ans que j’y travaille. J’étais dans un rapport très fusionnel avec ma patronne, qui connaît même mes parents. Mais, récemment, j’ai décidé de prendre mes distances, car j’ai réalisé que notre proximité lui permet de me demander n’importe quoi, notamment au niveau du temps de travail. » Et il y a pire : « Il y a dix-huit mois, elle nous a sucré nos tickets-restaurant, pour “raison économique”. On a accepté sans sourciller alors que cela aurait fait un tollé dans une grande boîte. » Mais, pour autant, pas question de traîner son employeur aux prud’hommes : « Cela risquerait de mettre en péril toute la structure et l’emploi de collègues dont je suis très proche .. / ... " - Source L'Huma

Au passage signalent Les Echos l'adoption du projet de loi est incontournable puisque : " ... / ... faute d'inclure les 4 millions de salariés de TPE dans la boucle, toute la réforme de la représentativité de 2008 risque l'inconstitutionnalité ... / ... "

C'est pourquoi, le livre de Gérard Filoche : "Les nouveaux carnets d'un inspecteur du travail - Travailler mieux, moins, tous" est un témoignage important sur la réalité quotidienne de millions de salariés au moment où on ne s'offusque même plus au gouvernement et dans sa majorité sur le fait qu'on propose : "137 euros par mois en Tunisie" aux salariés de Continental, licenciés économique de l'usine de Clairoix ! - Source L'Expansion

Ce nouveau livre fait suite à : “Carnet d’un inspecteur du travail” dans lequel, bien au delà du portrait idyllique que les medias brossent du monde du travail,il nous racontait sa vision des conditions de travail de nombreux salariés en France.

Les choses ont-elles vraiment changé, dans cette période de crise économique où ceux qui ne sont pas au chômage subissent des pressions de plus en plus importantes ? Où en est-on de la "valeur travail" et du "travailler plus pour gagner plus " chers à notre président et sa majorité parlementaire ?

Présentation de l'éditeur de : "Les nouveaux carnets d'un inspecteur du travail - Travailler mieux, moins, tous"


" Regardez autour de vous les visages blêmes à 5 h 30 du matin dans la première rame de métro, regardez le vieil ouvrier du bâtiment de 55 ans derrière son marteau piqueur, regardez la serveuse de restaurant qui souffre de varices, sortir, enfi n, d’une journée de 14 heures. Observez la femme de ménage pliée en deux, le mécanicien posté en 3 X 8, l’étudiant qui se brûle les mains à l’huile du fast-food, l’aide soignante de nuit, le vieux chauffeur de taxi immigré qui fait 70 heures par semaine. Étudiez bien aussi, derrière son apparence, la secrétaire surbookée, l’ingénieur stressé ou le cadre de banque, la tête rongée par les objectifs à atteindre et par la peur d’être saqué. Parlons d’eux"

Pas certain qu'à l'Elysée, au gouvernement ou à l'UMP on en fasse son livre de chevet ...

Les nouveaux carnets d'un inspecteur du travail - Travailler mieux, moins, tous
Editions Jean-Claude Gawsewitch


Du même auteur

Les caisses noires du patronat
"La vie, la santé, l'amour sont précaires. Pourquoi le travail ne le serait-il pas ?" Faut-il brûler le Code du travail ?
On achève bien... les inspecteurs du travail

Crédit et copyright images et photos
Babouse
Editions Jean-Claude Gawsewitch
Le Placide



30 mars 2010

Fin de parcours pour l'aventure "Siné Hebdo" !

ça met toujours les boules de commencer une journée par une mauvaise nouvelle !

Surtout quand cette mauvaise nouvelle est la disparition annoncée d'un journal comme Siné Hebdo ! En effet, Siné ne semera plus sa zone comme l'annonçait sa chronique chaque semaine dans son journal à partir du 28 avril !

“Si c’est la fin de Siné Hebdo, ce n’est pas la fin des haricots ! (…) À côté des étrangers sans papiers, renvoyés comme des malpropres dans leur pays d’origine, (…), des pauvres hères obligés de roupiller dans des boîtes en carton près des poubelles, des chômeurs longue durée réduits à la mendicité (…), des milliers de paumés en cabane attendant des années pour être jugés… on est des petits vernis, des veinards, presque des privilégiés, nous ne l’oublions jamais ... / ... " Ecrit Siné sur son blog !

Je ne vous cacherai pas que j'en ai gros sur la patate ce matin ! Perfusé dans mes jeunes années par le VRAI Charlie Hebdo (Devenu l'insipide Val Hebdo), j'avais retrouvé dans l'aventure Siné Hebdo le plaisir d'un journal revendicatif, mordant et sans concession. Particularités que Charlie avait abandonné au fil des années !

Dès les premiers numéros de Siné Hebdo, Slovar les Nouvelles lui a donné un coup de pouce amical en publiant les couvertures et les sommaires et de nombreux blogueurs en ont fait de même. Nous avons été beaucoup à croire à la réussite de cette aventure lancée par un Bob Siné, licencié abusivement et obligé de devenir "taulier" à 80 piges.

Réussite que Bob et son équipe nous présentait en septembre 2009, dans une vidéo destinée à fêter le premier anniversaire du journal : Un an et toutes ses dents


Siné Hebdo : Un an et toutes ses dents.
envoyé par Sinelefilm. - L'info internationale vidéo.


Il a résisté au pire, Bob Siné : les procès (Voir Nouvel Obs et ActuBD) , les cambriolages, mais il ne pouvait pas se battre contre la donne économique ! Car, si beaucoup de gens en ont parlé et même vanté son contenu, ils n'ont par contre pas été assez nombreux à vouloir sortir une petite pièce de 2 € chaque semaine comme l'explique le Nouvel Obs.

" Lancé il y a un an et demi, l'hebdomadaire satirique Siné Hebdo a annoncé lundi 29 mars qu'il ne serait plus publié après le 28 avril. "Bien que le chiffre des ventes soit resté tout à fait honorable en ces temps de crise économique (37 000), Siné Hebdo perd chaque semaine de l'argent... / ... "

Les jeux sont faits, les dés sont jetés, rien ne va plus… On ferme !” Siné

Comme pour le lancement, le secret était bien gardé mais la détonante équipée de « Siné Hebdo » s'achève, faute d'argent. ... / ...

« Le plus dur a été de prendre la décision, commente Catherine Sinet, rédactrice en chef, la femme de Bob Sinet alias Siné. On a tenu bon tant qu'on a pu, en faisant un journal qu'on aimait et qui nous paraissait digne et drôle. On préfère fermer dignement, comme on a commencé.» La sentence est tombée jeudi soir. Pour Siné et son équipe, il s'agit de prévenir une faillite qui aurait été inéluctable, et de s'épargner ainsi l'humiliation du bal des redresseurs judiciaires et autres mandataires de justice.

Un S.O.S. lancé par Siné dans les colonnes de l'hebdomadaire le 10 mars dernier a entraîné un afflux de nouveaux abonnements - plus de 300 mais il en aurait fallu 6.000 - ... / ... " - Source Nouvel Obs

Nous laisserons la parole à Bob Siné en guise de conclusion

" Ainsi débute la Zone de Siné cette semaine.

" Bien que le chiffre des ventes soit resté tout à fait honorable en ces temps de crise économique (37 000 ventes), Siné Hebdo perd chaque semaine de l’argent.

Tout aura été tenté : impression sur un papier moins cher, réduction des piges acceptée unanimement par tous les collaborateurs et appel aux dons lancé le 10 mars dernier.

Mais cela ne suffit pas. La décision a donc été prise de fermer le journal. On n’allait tout de même pas risquer qu’un administrateur judiciaire impose sa loi à Siné Hebdo !

Cette aventure collective se devait d’être exceptionnelle jusqu’au bout. Cependant, grâce à l’argent des généreux donateurs, Siné Hebdo sortira encore 4 numéros (en plus de celui-ci), et le dernier (28/04, n° 86) sera l’objet d’un enterrement joyeux lors de la manif du 1er mai où toute l’équipe de Siné Hebdo vendra ce collector en fanfare !
... / ... " Siné

Alors, inutile de sortir son mouchoir ou abuser des phrases stériles comme : "si on avait su" ! Et oui, comme je l'ai souvent écris : "pas de fric, plus de journal " !

Allez, merci à toi Bob et à tous ceux qui ont participé à cette aventure et surtout comme tu as l'habitude de le dire : "Mort au cons " !

Crédit et copyright images
Siné Hebdo

29 mars 2010

Loi sur le port du voile intégral : Vers une nouvelle déconvenue du gouvernement ?

Va t-on vers une nouvelle déconvenue de plus pour le Président, son gouvernement et sa majorité dont le principal but est de régler tous les problèmes des français, y compris les phénomènes de société, par de nouvelles lois ?

En effet, selon Le Figaro : "Le Conseil d'Etat, qui doit remettre avant jeudi prochain ses propositions sur le port du voile intégral, a "écarté la possibilité d'une interdiction générale". Selon le quotidien, les Sages devraient suggérer d'autoriser la burqa et le niqab dans la rue pour ne les bannir que des services publics, des gares et des aéroports ainsi que des commerces sensibles"

Cette information remet sur le devant de la scène la technique du "bricolage législatif" auquel nous ont habitué le gouvernement et l'UMP. Car, si le "Président du pouvoir d'achat" et "des heures supplémentaires" a objectivement échoué dans de nombreux domaines, il en est un ou lui et sa majorité ont "excellé" depuis 2007, c'est dans la production et le vote de nouvelles lois ... non appliquées !

Comme le rappelait le site Politique.net : "Depuis l'élection de Nicolas Sarkozy, seuls 25% des décrets d'application des lois votées par les parlementaires ont été publiés. Conséquence directe : la majorité des lois votées par les parlementaires ne sont pas appliquées. ... / ... "

Plus précis, le 19 janvier 2009, le site d'information Bakchich.info expliquait : " ... /... Selon le rapport du Sénat, seuls 24,6% des textes réglementaires (décrets et autres arrêtés) attendus pour les lois de l’année parlementaire 2007-2008 sont entrées en application au 30 septembre, contre 32,1% l’année précédente et 51,8% pour la période 1996-1997. Un « recul [qui] peut paraître décevant » aux yeux du Sénat. Et qui se traduit concrètement par la non-entrée en vigueur de ces lois.

Et pour les textes déclarés en urgence, le taux d’application tombe à 10% ! Un mauvais résultat à mettre notamment sur le dos de la loi du 4 août 2008 portant sur la modernisation de l’économie (LME) - soutien aux entreprises, aux PME… - et qui nécessitait l’adoption d’un grand nombre de décrets d’application. ... / ...

Pourtant, dans une circulaire du 29 février 2008 relative à l’application des lois, François Fillon avait imposé aux administrations l’« obligation » de publier les décrets « dans un délai de six mois » après la promulgation d’une loi. ... / ...

Pourtant, selon ce rapport de la Haute-Assemblée, ce délai de 6 mois n’a été respecté que dans 60% des cas, contre 84% en 2006-2007 …/ ... "

En bref, une efficacité plus que douteuse pour notre grand "réformateur". Et surtout une façon de dénaturer le débat national façon : "je légifère plus vite que mon ombre" même si les textes sont écris à la va vite et donc susceptibles d'être, (comme la taxe carbone) rétoqués par les juridictions constitutionnelles ou administratives !

Donc, mercredi dernier, le président confirmait, l'intention du gouvernement de légiférer pour interdire le port de la burqa affirmant : " Le voile intégral est contraire à la dignité de la femme. La réponse, c'est l'interdiction" - Source Les Echos

Samedi, Le Figaro annonçait que le Conseil d'Etat : " qui doit remettre avant jeudi prochain ses propositions sur le port du voile intégral, a "écarté la possibilité d'une interdiction générale"

Et de rapeller que : "Le 29 janvier, le Premier ministre François Fillon avait demandé au Conseil d'Etat d'étudier "les solutions juridiques" pour une interdiction qu'il souhaitait "la plus large et la plus effective possible". Il attendait des propositions "avant la fin du mois de mars".

"Les Sages ont finalement accouché vendredi d'un rapport prudent", rapporte "Le Figaro", précisant qu'ils ont "écarté la possibilité d'une interdiction générale". "Un texte pourrait interdire le port du voile intégral pour des raisons de sécurité, lorsque les personnes doivent pouvoir être identifiées", poursuit le quotidien.

"Le port du voile intégral pourrait ainsi être proscrit dans les services publics, où il faut pouvoir vérifier l'identité des administrés. Les gares et les aéroports, touchés par des plans Vigipirate pourraient entrer dans le périmètre de la loi. Tout comme les commerces sensibles, banques, bijouteries... En revanche, son port serait libre dans la rue"- Source Yahoo/AP

A l'UMP et notamment du côté de Jean-François Copé, on ne cache pas sa gène : "Je n'ai pas eu connaissance de cet avis mais je comprends que c'est un avis global", a déclaré Jean-François Copé dimanche, interrogé sur cette information lors du Grand Rendez-Vous d'Europe-1/"Le Parisien/Aujourd'hui en France". "Ce n'est pas un avis sur le texte de loi (...) que nous avons déposé", a-t-il précisé, disant avoir "quelques objections" sur les analyses attribuées au Conseil d'Etat. "Je suis partisan, je l'ai dit à de nombreuses reprises et avec moi de très nombreux députés, d'une interdiction sur l'ensemble de l'espace public", a ainsi réaffirmé Jean-François Copé. "Je pense que l'interdiction partielle est totalement inapplicable".

Inapplicable, comme le reste ?

Crédit photo
Nouvel Obs