02 avril 2010

Troubles musculo-squelettiques : Le gouvernement se réfugie dans la communication !

Le très "primesautier" et nouveau ministre du Travail, Eric Woerth n'y va pas par quatre chemins : Il a décidé de régler leur compte aux Troubles musculo-squelettiques dus aux conditions de travail !

Et de quelle façon ?

Au travers d'une campagne de communication : "Articulé autour de messages dans la presse professionnelle et de spots radio, la nouvelle campagne montre notamment un poing qui écrase avec assurance le mot "tendinite", ou les mains d'une femme qui brisent le mot "lombalgie" ... / ... "

" Yes we can " ou plutôt " Mettre fin aux troubles musculo-squelettiques dans votre entreprise, c’est possible" écrit avec humour le site Santelog à propos de la nouvelle campagne lancée à partir du 19 avril prochain pour mobiliser les entreprises et les salariés dans la lutte contre les TMS ... / ... "

Campagne de communication ?

Mais pourquoi le gouvernement si avide de "réformes" et toujours prompt à expliquer aux français que : " le coût de la santé est trop élevé" ne légifère pas pour éradiquer ce fléau ?

Fléau qui coûte, selon Eric Woerth : "787 millions d'euros" à l'assurance maladie, et "près de 8,5 millions de journées perdues" pour les entreprises" ?

Car comme le signale la FNATH : " ... / ... les TMS illustrent aussi parfaitement, outre l’importance de la sous-déclaration des maladies professionnelles, l’inadaptation du système de réparation des accidents du travail et des maladies professionnelles. En effet, les TMS ne sont pas toujours déclarés par les travailleurs concernés et ne sont donc pas indemnisés dans le cadre de la réparation des accidents du travail et des maladies professionnelles (ATMP), mais ils sont souvent pris en charge par l’assurance maladie. Cela conduit à alourdir le déficit de l’assurance maladie pour des frais qui devraient être en fait relever de la branche ATMP ... / ... "

Très probablement parce qu'il imagine la levée de boucliers des organisations patronales qui s'ensuivrait ...

Dans l'immédiat, comme l'écrit très prudemment le Ministère du Travail sur son site dédié à cette campagne de communication, elle : " nécessite une implication forte et durable des entreprises, et des représentants des salariés et membres du Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail " et de préciser : " ... / ... l’ objectif est de soutenir et d’accélérer les démarches engagées par les entreprises dans la lutte contre les troubles musculo-squelettiques. .. / ... " - Source Santelog

Il est toutefois à noter que : dans les entreprises de moins de 50 personnes, la loi n'oblige à aucun comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail ou et dans celles de moins de 11 salariés à aucun représentant (voir le site TPE/PME)

Que dit le ministre de cette campagne ?

" ... / ... Ne plus pouvoir se servir d'un clavier" ou "utiliser une brosse ou un tournevis", c'est ce qui arrivent à certains salariés touchés par ces pathologies, qui se traduisent par des douleurs et une gêne fonctionnelle, qui peut "conduire à ne plus pouvoir travailler", a expliqué jeudi le ministre du travail Eric Woerth, lors d'une conférence de presse. "Premier cas de maladies professionnelles en France, le nombre de TMS augmentent de 18% par an depuis 10 ans" a précisé M. Woerth, évoquant une "sorte d'épidémie". Il souhaite, d'ici quatre à cinq ans "stabiliser" ce nombre et réduire de 25% le nombre d'accidents du travail.

Les TMS les plus courants sont le syndrome du canal carpien, qui touche le poignet, les tendinites de l'épaule et du coude, les lombalgies. Ils touchent tous les secteurs d'activité mais notamment l'agroalimentaire, le commerce, le BTP, les services à la personne. "Signes d'une forme d'usure physique au travail", selon le ministre, ces TMS sont liés à des gestes répétitifs à cadence élevée, des charges lourdes, des vibrations ou du matériel défaillant, combinés à une organisation du travail inadaptée et du stress ... / ... "- Source AFP/Google

Sur le site "Travailler mieux - La santé et la sécurité au travail", on trouve des liens concernant les entreprises et les salariés. Le ministère a choisit quelques métiers pour illustrer sa campagne. Notamment : Le Bâtiment.

Vous êtes Chef d’entreprise dans le BTP : testez votre entreprise, prenez connaissance des conseils de l’OPPBTP et des services interentreprises, téléchargez la brochure et les affiches TMS.

Si de ce côté, on se veut plus pédagogue sans mettre en cause certaines pratiques d'employeurs :

Au coût humain très important - souffrance physique, risques d’inaptitude professionnelle, atteinte à l’image de soi, dégradation de la vie privée -, il faut ajouter un coût économique élevé pour l’entreprise.
Les TMS fragilisent votre entreprise
En plus du coût direct de la réparation et l’impact sur le taux de cotisation de l’entreprise, il faut tenir compte du coût indirect lié aux dysfonctionnements induits par les TMS : difficultés de reclassement des salariés atteints, charges dues au remplacement des absents, perturbations de l’organisation du travail...
La prévention peut faire régresser les TMS
L’expérience montre qu’une prise en charge précoce permet de limiter l’aggravation des pathologies et de prévenir l’apparition de situations irréversibles.

Du côté des salariés, on laisse entendre qu'ils pourraient contribuer à diminuer leurs TMS en ayant un comportement ... plus responsable au travail !

Vous êtes salariés du BTP : ce que vous devez savoir, à faire ou ne pas faire, comment agir, téléchargez le livret conseils et les affiches TMS.

Quelques gestes adaptés et bonnes pratiques pour prévenir les risques de TMS

Les 4 commandements de base

1. Faites des micro pauses de récupération
N’attendez pas que la fatigue s’installe et entraîne une gêne fonctionnelle. Pensez à faire de courtes phases de repos. Elles suffisent pour permettre la récupération musculaire.

2. Portez vos équipements de protection individuelle
Chaussures et gants adaptés, vêtement intégrant une protection des genoux … Ils vous protègent contre certains risques de votre métier et peuvent atténuer les facteurs de risque aggravants de TMS : froid, vibrations, chocs…

3. Verrouillez vos lombaires
Lors de l’effort, rentrer le ventre et contracter les muscles abdominaux verrouille les lombaires et assure une protection des disques. Les autres articulations (hanches, genoux) se mobilisent pour effectuer le mouvement souhaité.

4. Optez pour des outils et équipements atténuant les vibrations
Les vibrations des outils manuels et engins qui se propagent dans les mains et le bras ou tout le corps sont un facteur aggravant des TMS. Optez pour des gants, des outils anti-vibratiles, un siège d’engin dont les suspensions minimisent les vibrations…

Brochures de sensibilisation - Le BTP conseils au salariés

Il est clair que tous ceux qui travaillent vont rire jaune en lisant les lignes précédentes !

Dans quel monde, les rédacteurs de ces lignes vivent-ils ? et où ont-ils vus que le salarié peut opter de son propre chef pour : "pour des outils et équipements atténuant les vibrations" et qu'il a le temps de penser à "Verrouiller ses lombaires" lorsque le chantier est en retard et que l'entreprise risque des pénalités ?

Bien entendu, ne pas oublier les salariés du commerce ou de l'agro alimentaire qui pourraient décréter unilatéralement une petite pause "gymnique" afin de ne pas être responsables de : "8,5 millions de journées perdues pour les entreprises" ...

Le Ministre pourra t-il continuer de se contenter de campagnes de communication incitatives ?

Selon la FNATH, il semble que non !

En effet, La FNATH " vient d’obtenir une jurisprudence relativement rare, mais qu’elle souhaite développer autant que possible afin d’améliorer par la voie des tribunaux l’indemnisation des victimes de TMS, puisque le gouvernement refuse jusqu’à présente de le faire par voie législative.

... / ... notre adhérent travaillait depuis 1986 en qualité de magasinier, sa fonction consistant à préparer des commandes en attrapant plusieurs cintres, situés sur un rail à 1,70 mètre de hauteur, pour ensuite les placer dans une caisse-penderie formant un colis. Il travaillait donc les bras en l’air.

L’employeur avait volontairement ignoré les réclamations insistantes à la fois de son salarié mais aussi du médecin du travail sur la dangerosité des conditions de travail du fait du positionnement des cintres à emballer ... / ... La cour d’appel de Grenoble a reconnu dans un arrêt du 9 février 2010 la faute inexcusable de l’employeur, qui n’a pas pris les mesures nécessaires pour protéger la santé et la sécurité du salarié. ... / ... " - Source FNATH

Reste à savoir si l'inflexible Ministre du Budget devenu celui du Travail montrera autant de détermination à résoudre cette "sorte d'épidémie" qu'il en a déployé pour nous expliquer les caisses vides et son "budget de reprise" !

Mon petit doigt me dit que c'est loin d'être gagné pour ceux qui sont les victimes de l'épidémie !

Crédit photo
Ministère du Travail
Bibliographie amusante
Voir la campagne VIDEO (très naïve) de L'UE sur les TMS

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